La 116e édition du Gamou de Tivaouane semble, pense-t-on, revêtir un cachet particulier pour les fidèles tidianes, qui ont perdu cette année, deux de leurs grandes figures religieuses : Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy «Al Makhtoum» et son jeune frère et successeur au Khalifat, Serigne Abdou Aziz Sy «Al Amine».  Ainsi l’édition 2017 du Maouloud est partie pour être un Gamou d’une dimension assez particulière. Dans la ville sainte, si certains pleurent toujours les khalifes généraux disparus, d’autres, cependant, attendent avec impatience le message du tout nouveau khalife général des Tidianes, Serigne Mbaye Sy «Mansour».

On se relève toujours des situations improbables. A quelques heures du Gamou, Tivaouane, qui a enterré deux khalifes généraux en 6 mois, étouffe. La ville sainte grouille d’un monde qui renouvelle chaque année son attachement au Gamou. Dans la tête et le cœur des fidèles demeurent vivants deux hommes : Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy «Al Makhtoum» et Serigne Abdou Aziz Sy «Al Amine». Les deux frères, disparus dans la même année, en l’espace de six mois, sont les absents les plus présents de l’évènement religieux. En effet, ils restent les vedettes de cette 116e édition du Gamou de Tivaouane. Car les grandes attractions de cette année constituent les mausolées de «Al Makhtoum » et de «Al Amine».
Devant le mausolée de ce dernier, la foule est monstre. Une foule bourdonnante. Des va-et-vient incessants des fidèles talibés, occasionnent des bousculades indescriptibles. Les retardataires, qui auront toujours tort, cherchent difficilement à se rattraper. En vain. Les entrées étant strictement filtrées, voire bloquées par les Forces de l’ordre renforcées par les membres du Comité d’organisation au service du Khalife Ababacar Sy (Coskas). Mais l’endroit refuse et refusera encore et toujours du monde. D’autant que ces fidèles, déterminés à accomplir leur ‘’Ziar’’, un acte considéré comme un devoir sacré, ne comptent aucunement se laisser ébranler par les actions des services de sécurité. Astou Ndiaye ne flanche pas. Elle est l’homonyme de la vénérée mère de Al Amine. Elle est venue uniquement pour «rendre un dernier hommage à mon guide religieux, Serigne Abdou Aziz Sy. La nouvelle de son rappel à Dieu, il y a deux mois, m’avait tellement affectée, au point que mes fils m’avaient interdit devenir à Tivaouane, parce que je souffre d’une hypertension artérielle. Donc le Maouloud est la seule occasion pour venir effectuer mon ‘’Ziar’’ et par la même occasion, présenter mes condoléances à la famille Sy». La soixantaine, le cœur encore meurtri, elle tient vaille que vaille à entrer dans le mausolée de Al Amine, situé sur l’Esplanade des mosquées de Tivaouane. Ailleurs, au mausolée de Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Makhtoum,  sis au quartier Médina Corniche, des milliers de pèlerins y convergent, également. Tristesse en bandoulière, ils ont pris d’assaut la maison du défunt khalife, rappelé à Dieu le 15 mars 2017. Le regard vide, la mine serrée, les fidèles, attristés, avancent à petits pas. La résidence de Al Makhtoum vomit du monde. Hommes, femmes, jeunes et vieillards, enfants affluant sur ce lieu devenu subitement étroit pour contenir son monde. L’endroit soupire. Il respire au rythme de la tristesse, de la désolation. «Nous sommes venus rendre un hommage à notre guide Serigne Cheikh. Il était notre guide, notre père, notre Sopey, comme il aimait nous le rappeler à chaque occasion de Gamou au Champ de courses», confie Fatima Bâ, tout de blanc vêtue et religieusement envahie par la tristesse, le chapelet à la main. Assises à même le sol, femmes et jeunes filles, têtes enturbannées, prient devant le mausolée du saint homme.

La première de Serigne Mbaye Sy
A la grande mosquée de Tiva­oua­ne, règne une autre ambiance. Le Comité d’organisation au service de Khalifa Ababacar Sy (Coskas) s’acquitte parfaitement bien de ses tâches. Moins de bavardage et plus de labeur. Les fidèles, qui sont tous préoccupés par les préparatifs du Gamou, guettent solennellement le discours du nouveau Khalife général des Tidianes, Serigne Mbaye Sy «Mansour».