TIVAOUANE – Dégradation de l’environnement : Le khalife pour des sanctions exemplaires

Serigne Mbaye Sy Mansour est écœuré par la coupe abusive et le trafic de bois qui dégradent l’environnement de notre pays. Recevant hier le ministre de l’Environnement et du développement durable, le khalife général des Tidianes a demandé à l’autorité de sévir contre les délinquants forestiers.
Le khalife général des Tidianes Serigne Mbaye Sy Mansour est sans langue de bois : «Il faut traquer et emprisonner tous les délinquants forestiers pour lutter contre la coupe abusive de bois». Devant une délégation du ministre de l’Environnement et du développement durable, conduite par Abdou Karim Sall, Serigne Mbaye Sy Mansour reste catégorique : «Pour lutter contre ce mal, il faut traduire en justice toutes les personnes arrêtées pour ce trafic.» Pour l’autorité religieuse, si Abdou Karim Sall veut réussir sa mission, il doit surtout éviter «l’impunité». Il conseille : «Vous devez être ferme, rigoureux dans votre management», mais surtout éviter «les interventions et autres compromis». Parce qu’«il s’agit de la dégradation de l’environnement. Il ne faut pas écouter les personnes qui interviennent en leur faveur parce qu’elles vous diront que c’est le disciple ou le fils d’un marabout ou il est membre d’un tel parti. Si vous les écoutez, vous n’allez pas réussir votre mission. Il faut rester sourd pour réussir votre mission. C’est ce qui va régler le problème». Aussi, le khalife conseille que «si vous ne pouvez pas arrêter ceux qui font le trafic, il faut arrêter les Chinois qui achètent le bois. Il faut ensuite confisquer leurs biens et les emprisonner pour qu’ils puissent arrêter de faire le trafic». A l’en croire, «s’il n’y a pas d’acheteurs, il n’y aura plus de trafiquants». A l’attention des Sénégalais qui «saccagent la biodiversité», il a demandé «d’arrêter» et de protéger la forêt. Une plaidoirie qui réjouit le ministre Abdou Karim Sall qui dit être «très satisfait» de la déclaration du khalife. «Nous avons été très satisfait quand nous l’avons entendu se prononcer sur les questions liées au reboisement, au péril plastique, mais également aux coupes et aux trafics de bois dans notre pays. Cela nous rassure. Nous avons un soutien de taille pour réussir cette initiative du président de la République Macky Sall qui est le Plan Sénégal émergent (Pse) vert.»
Au-delà, le ministre de l’Environnement et du développement durable est revenu sur le dispositif déployé par son ministère pour nettoyer la ville sainte de Tivaouane. Un dispositif composé de pelles, de brouettes, de balais, de poubelles, de sachets et gobelets en papier… «Suite à la demande du chef de l’Etat pour une bonne organisons du Gamou, nous avons estimé nécessaire d’apporter une contribution significative pour permettre à ceux-là qui doivent nettoyer la ville sainte de pouvoir le faire dans d’excellentes conditions. Nous sommes venus avec du matériel de nettoiement. Nous avons également prévu de positionner des camions citernes dont disposent les Eaux et forêts, chasses et conservation des sols pour aider à l’approvisionnement en eau parce que Tivaouane, la ville Sainte, va accueillir des millions de fidèles. C’est ici le point de ralliement le plus grand et le plus important du pays.» Et l’innovation de cette année du ministère reste la distribution de sachets et de gobelets en papier pour une meilleure protection de l’environnement. «Le principal problème en ce qui concerne les déchets plastiques, les plastiques à usage unique, c’est une pollution visuelle insupportable. Quand vous vous approchez des grandes villes, la chose qui attire votre attention c’est cette étendue de sachets plastiques qui traînent partout et qui ont un impact sur l’agriculture, l’élevage et l’environnement de manière globale.» Selon lui, «nous avons apporté des sachets en carton pour permettre à ceux-là qui avaient l’habitude d’utiliser des sachets plastiques à usage unique de pouvoir les utiliser. Nous avons également apporté des gobelets en carton parce que ceux en plastique constituent les polluants les plus visibles après les événements tels que le Gamou et le Magal. C’est pourquoi nous avons pensé qu’il fallait faire ce geste pour indiquer les gens la voie à suivre».
Outre cette sensibilisation, le ministre a annoncé la révision de la loi sur les sachets plastiques à faible micronnage pour étendre le périmètre d’interdiction. Il dit : «Aujourd’hui, les polluants les plus importants ce sont les autres sachets de plastique, les gobelets, les sachets d’eau et d’autres types de sachets plastiques dont le micronnage est supérieur à 30. Donc nous avons prévu de revoir la loi. Nous sommes en train de travailler là-dessus. Elle va être bientôt proposée au gouvernement pour que nous puissions avoir un périmètre beaucoup plus vaste d’interdiction de sachets à usage unique.»