Les travailleurs du Centre hospitalier El Hadji Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane, regroupés au sein de leur intersyndicale, ont observé hier un sit-in pour protester contre la garde à vue de trois de leurs camarades suite à l’incendie dans lequel 11 bébés ont trouvé la mort. Ils refusent d’être les agneaux du sacrifice.Par Ndèye Fatou NIANG (Correspondante) –
Le mouvement d’humeur de l’intersyndicale des travailleurs du Centre hospitalier El Hadji Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane rappelle celui des agents de santé de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga qui avaient boycotté les activités de soins à la maternité suite à la mort en couches de Astou Sokhna. Comme leurs camarades de Louga, les blouses blanches de Tivaouane sont en grève pour protester contre l’arrestation de trois leurs camarades suite à l’incendie dans lequel 11 bébés ont trouvé la mort. Il s’agit de la sage-femme, Awa Diop, de l’aide infirmière, Coumba Mbodji, et du directeur des Ressources humaines, Cheikh Tidiane Diop. Ils étaient en garde au moment des faits. Sidy Lamine Ndoye, coordonnateur de l’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital El Hadji Aziz Sy Dabakh, regrette : «Aujourd’hui le mandat de dépôt se précise contre nos trois collègues pour mise en danger de la vie d’autrui. Cela signifie pour nous qu’ils sont à l’origine de la mort de ces 11 bébés. Ce que nous ne pouvons ne pas du tout accepter.» Ce d’autant, poursuit le syndicaliste, «les agents de santé ne sont pas des sapeurs-pompiers habilités à éteindre des feux. Nous n’avons pas subi une formation professionnelle de plusieurs années, encore moins nous ne disposons d’équipements de protection individuelle nécessaires pour faire face à un feu. Il faut que l’on soit sérieux», assène la blouse blanche qui estime que l’hôpital est victime de sa maladie. «Le Khalife général des Tidianes avait interpellé les autorités depuis 2018. Un malade qui n’a pas été soigné depuis 5 ans, il est normal qu’il tombe dans le coma.» Il enchaîne : «L’hôpital a succombé. Les rats jouent la nuit. L’installation est mauvaise. Parce qu’au début c’était un centre santé transformé par la suite en hôpital avec une douzaine de spécialistes et 4 professeurs.»
Pour simplement dire, selon Sidy Lamine Ndoye, que les travailleurs refusent «d’être les agneaux du sacrifice dans un problème dont ils ne sont pas les responsables». Surtout que ces travailleurs «ont consenti d’énormes efforts pour offrir des soins de qualité aux patients. De 20 millions de tarifications en 2017, nous en sommes aujourd’hui à 80 millions de F Cfa. 40% du personnel de l’hôpital sont composés de stagiaires qui ont un salaire de 40 mille francs Cfa et qui n’ont aucun statut. Lesquels travailleurs se sont engagés, ils ont souffert, ils se sont résignés sur beaucoup de situations. Ils sont dévoués malgré le traitement salarial injustifié et incorrect qu’ils ont. Et aujourd’hui on veut faire porter le chapeau à ce personnel malheureux, nous ne l’accepterons pas». Ainsi ils ont demandé l’arrêt immédiat des «intimidations» des «tortures psychologiques» et «des conditions d’interrogation difficiles allant de 16h à 4h du matin et de 4h à 22 h».
Pour cela, les travailleurs de l’hôpital Dabakh, qui se disent «plus que jamais engagés à soutenir nos collègues qui sont aujourd’hui dans les liens de la détention», ont ficelé un plan d’actions pour paralyser le système sanitaire dans le département de Tivaouane. «Au niveau régional, nos camarades sont en train de se préparer pour déclencher une solidarité». Pour dire que «personne ne peut nous faire porter le chapeau. Nous ne refusons pas que la Justice fasse son travail, mais qu’elle ne soit pas une justice unilatérale et partisane qui cible le maillon le plus faible.»
nfniang@lequotidien.sn