Togo – Après des attaques meurtrières : Le Nord fui par les populations

Les populations togolaises ne dorment plus du sommeil du juste. Surtout celles qui sont dans le Nord dont la localité est la cible d’attaques djihadistes causant plusieurs victimes. La panique et l’inquiétude sont les sentiments les mieux partagés chez les populations dans la partie du Nord que celles-ci quittent pour se retrouver dans d’autres localités qu’elles considèrent comme beaucoup plus sûres. Par Amadou MBODJI
– La situation devient préoccupante au Togo, suite aux dernières attaques terroristes dans le Nord du pays. Des attaques qui causent un mouvement des populations qui quittent leurs villages pour les villes ou d’autres endroits qu’ils estiment moins dangereux. Un nouvel accrochage a eu lieu entre groupes armés et Forces de défense et de sécurité, faisant deux morts au sein des Forces armées togolaises dans la nuit du 18 au 19 juillet. Les populations continuent de fuir leurs villages, notamment dans les localités de Lalabiga et Tiwoli, non loin de la ville de Mandouri, selon plusieurs sources citées par Rfi.
Du côté des autorités togolaises, on multiplie les initiatives et le Président Faure Gnassingbé est retourné dans la région, le mercredi 20 juillet, où il a rencontré les diverses couches de la société à Dapaong, ville située à l’extrême nord du pays, informe Rfi. «Vous devez rester vigilants, restez ensemble, quelle que soient les divergences, pour combattre l’ennemi commun», a-lancé le Président Faure Gnassingbé aux populations. «A partir d’aujourd’hui, les dispositions doivent changer, désormais c’est l’Armée togolaise qui va être à l’offensive», renseigne-t-il.
La maire de cette dernière ville a dû lancer un appel, dans un communiqué, aux populations de retourner chez elles. Pour l’instant, indiquent plusieurs sources, les habitants sont toujours sous le choc et vivent la peur au ventre : la situation est tendue.
La semaine dernière, l’Armée togolaise avait fait état de plusieurs victimes lors d’une attaque menée dans le Nord du pays impliquant plusieurs groupes djihadistes dans cette partie du Togo, à la frontière avec le Burkina Faso. Après l’attaque meurtrière dans quatre villages depuis vendredi, c’est la consternation et les interrogations.
Les partis politiques, essentiellement de l’opposition, montent au créneau en demandant des clarifications par rapport à ce qui se passe. Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson estime qu’il est grand temps que les autorités prennent des mesures pour venir à bout de cette menace, mais il faut une enquête indépendante sur les événements de ces jours. «Nous demandons que soit mise en place une commission d’enquête indépendante. Il y a des compétences au Togo -les organisations de défense des droits de l’Homme sont là- mais, au besoin, cette commission pourrait être aussi internationale», ont réclamé les partis de l’opposition cités par Rfi. Le Parti du peuple et d’intégrité (Ppi), dans une conférence de presse avant-hier mardi, a fait un cri du cœur en soutenant que «la paix tant promise aux Togolais n’est plus», surtout avec le terrorisme grandissant dans le Nord du pays. Zato Kadanbaya, le représentant du Ppi aux Etats-Unis, déclare que le terrorisme est nourri par la pauvreté d’où la nécessité de l’éradiquer. La coordinatrice de la Dynamique Mgr Kpodzro avait demandé à apaiser les cœurs meurtris de ces populations et surtout régler le problème politique auquel le pays est confronté et qui divise profondément la classe politique.
Jugées «coordonnées et complexes», ces attaques, comme l’avait affirmé l’Etat-major des Armées dans un communiqué publié samedi dernier, avaient «fait plusieurs morts et quelques blessés» qui ont été «transférés vers des structures hospitalières spécialisées pour des soins appropriés». L’Armée avait aussi lancé un appel aux populations «à ne pas céder à la panique».
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