Les préoccupations des défenseurs des droits de l’Homme au Togo se conjuguent au pluriel. Dans ce pays où les droits humains sont foulés au pied, Amnesty international invite les candidats à s’engager pour les droits de l’Homme. Pour ce faire, elle a listé 9 points qui la préoccupent.
Le 22 février prochain, les Togolais iront aux urnes pour élire leur Président. Mais d’ores et déjà, Amnesty international ne cache pas ses attentes sur le futur vainqueur de ces joutes. L’Ong invite ainsi les candidats à l’élection présidentielle «à s’engager à prendre, en cas de victoires, des mesures concrètes visant à respecter et protéger les droits humains».
Dans un communiqué, Amnesty international a manifesté sa volonté de voir le droit à la vie protégé car, d’après ces défenseurs des droits de l’Homme, «les forces de sécurité et de défense continuent de recourir à une force excessive contre les manifestants, conduisant à de nombreux décès». Amnesty en veut pour preuve les 25 personnes tuées lors des manifestations de 2015 et les jeunes Joseph Zoumekey (13 ans) Rachad Maman (14 ans) tués en 2017. D’après l’Ong, ces traitements sont encore pratiqués au Togo, surtout durant les arrestations et les périodes de garde à vue. D’ailleurs, elle souhaite que ces mauvais traitements fassent l’objet «d’une enquête indépendante et impartiale».
Autre souhait d’Amnesty, c’est de voir aussi le système judiciaire du pays renforcé. Ce, dans le but de consolider «la confiance dans les institutions judiciaires». Et pour ce faire, Amnesty pense que «la justice doit être indépendante vis-à-vis des autorités et du pouvoir». L’Ong demande ainsi aux candidats «de s’engager à prendre des mesures visant à assurer l’indépendance de la justice».
Amnesty international voudrait aussi qu’on mette un terme à la torture et aux mauvais traitements, car ils sont encore de rigueur dans ce pays, malgré les dispositions qui les criminalisent dans le Code pénal. Les défenseurs des droits de l’Homme ne se sont pas oubliés. Ils voudraient que le droit à la liberté d’expression et eux soient protégés. L’Ong de rappeler que le Togo a adopté les lois qui restreignent de manière arbitraire la liberté d’expression. Elle en veut pour preuve le Code pénal adopté en 2015 et qui «criminalise la diffusion de fausses informations et alourdit la peine pour la diffamation et les outrages envers les représentants de l’autorité publique».
Garantir la liberté de manifestation et de réunion fait aussi partie des préoccupations des défenseurs des droits humains. En fait, en août 2019, l’Assemblée nationale, disent-ils, «a adopté une loi portant sécurité intérieure qui permet, entre autres, aux autorités locales d’interdire toute manifestation sur une période pouvant aller jusqu’à 60 jours». L’institution parlementaire a également, indique le document d’Ai, «modifié la loi, durcissant les conditions relatives à l’organisation de manifestation et de réunion, y compris dans les lieux privés».
L’invite de l’Ong est aussi orientée vers l’amélioration des conditions de détention, car en dépit des recommandations faites par les organes de protection des droits humains des Nations unies, les prisons du Togo restent encore surpeuplées. Selon les statistiques de 2019 de l’Administration pénitentiaire, «5 352 personnes étaient détenues dans les prisons togolaises». Amnesty international souhaite aussi que l’impunité cesse dans ce pays. A en croire l’Ong des droits humains, «quinze ans après les violences qui ont émaillé l’élection présidentielle de 2005 et qui ont fait plus de 500 morts, les auteurs de ces homicides ne sont toujours pas identifiés». Les manifestations qui ont entraîné aussi la mort par armes à feu des manifestants et des enfants en 2015, 2017 et 2018, n’ont pas été sanctionnées malgré les plaintes déposées.
Dans la même veine, les défenseurs des droits de l’Homme ont émis le souhait de voir le travail des enfants arrêté pour de bon. A ce propos, les statistiques de l’Unesco font état de 27% des enfants âgés de 5 à 17 ans qui travaillent au Togo. L’Ong voudrait ainsi que les candidats à l’élection présidentielle «s’engagent à mettre en œuvre les lois relatives au travail des enfants». Elle souhaiterait que l’effectivité à l’éducation aux droits humains soit assurée en ce sens que le Togo, devant les Nations unies, avait accepté à plusieurs reprises des recommandations visant à rendre effective l’éducation aux droits humains dans les écoles et centres de formation.
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