Amnesty international n’est pas resté muet concernant les cas de décès, les blessures et les arrestations lors des manifestations de l’opposition du mois dernier. L’organisation de défense des droits humains regrette le mode d’intervention de l’Armée et appelle ainsi à une gestion lucide de la situation.
Suite au décès de deux personnes consécutif aux manifestations de l’opposition du mois dernier, Amnesty international hausse le ton. L’organisation de défense des droits de l’Homme exige des autorités «l’abstention de tout recours injustifié ou excessif à la force lors des manifestations de l’opposition» notamment celles d’aujourd’hui. Des manifestations qui, selon Amnesty international de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, ont découlé sur l’arrestation d’au moins 66 personnes dont le Secrétaire général du Parti national panafricain (Pnp, parti de l’opposition). Elles ont été accusées «de rébellion, destruction volontaire, voies de fait, violences envers les représentants de l’autorité publique, trouble aggravé à l’ordre public et vol aggravé. Au cours de leur procès le 29 août, 28 d’entre elles ont été condamnées à des peines allant jusqu’à 60 mois de prison ferme». Des accusations qu’elle juge infondées.
La structure dénonce ainsi le mode d’intervention des Forces de l’ordre. Elle leur reproche d’avoir tiré sur la foule avec des fusils à pompe et utilisé des grenades lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les manifestants le 19 août dernier à Lomé la capitale, et dans les villes de Sokodé, Anié (Centre) et Kara (Nord). Amnesty international se dit outré par le non-respect des droits de l’Homme par les Forces de sécurité togolaise. «La brutalité indiscriminée des Forces de sécurité à l’encontre des manifestants montre le peu de valeur qu’elles accordent au droit à la vie et à l’intégrité physique. Cet usage excessif de la force doit faire l’objet d’une enquête indépendante, impartiale et efficace pour rendre justice aux blessés et aux familles des personnes ayant perdu la vie», déplore François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty international. Alioune Tine et ses camarades veulent que l’Etat veille à l’intégrité physique des manifestants et au jugement équitable sans instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
«Des manifestants torturés»
La manifestation du 19 août dernier n’a pas été une promenade de santé pour plusieurs militants de l’opposition arrêtés à Kara et à Lomé. Amnesty international révèle avoir reçu des plaintes venant des manifestants victimes de tortures et d’exactions. Comme en atteste le témoignage d’un des leurs. «J’ai reçu des coups partout lorsque les Forces de sécurité m’ont mis dans la voiture. Arrivé au Service de Recherches et d’Investigation, c’était encore pire avec le comité d’accueil dont les éléments m’ont beaucoup frappé. Certains m’ont donné des gifles, d’autres utilisaient les bâtons et les cordelettes. Actuellement, j’ai mal partout. J’ai les yeux rouges, des bleus au dos et sur la cuisse et des plaies au front et au dos.»
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