Extension du service, renforcement de la puissance… : Les défis de l’électrification rurale
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A l’issue de la mission de suivi d’évaluation de l’harmonisation tarifaire dans la concession Kaffrine-Tamba-Kédougou attribuée à la société Energie rurale africaine (Era), le président de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse) dresse un bilan satisfaisant de la phase transitoire. Ibrahima Amadou Sar relève tout de même des contraintes qui appellent des mesures de redressement
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La Crse, en partenariat avec l’Aser et d’autres départements ministériels, organise des tournées à travers les concessions d’électrification rurales. Pourquoi ?
La mission s’inscrit dans le cadre de l’évaluation de l’harmonisation tarifaire qui a été décidée en 2018 par le président de la République. Il se trouve que le Sénégal est divisé en zones géographiques dénommées concessions pour ce qui concerne le milieu rural, et chaque concessionnaire appliquait ses propres tarifs en fonction de la technologie utilisée, des hypothèses de marché et de la proximité au réseau et sur cette base-là, la Commission de régulation calculait les tarifs. Ce qui fait qu’il y’avait une disparité tarifaire. Et il s’est trouvé que le tarif de l’électricité du Kwh était deux, à trois fois plus cher que celui de la Senelec. Et sur cette base, le président de la République a décidé en 2018, d’harmoniser les tarifs et qu’à partir de 2018, c’est le tarif premier usager de la Senelec qui s’applique à l’ensemble des usagers du monde rural.
Maintenant, nous voulons passer à l’étape suivante qui est l’harmonisation totale, c’est-à-dire le même prix pour le même service partout où on se trouve à l’intérieur du pays. Nous sommes venus faire le bilan de ces trois, à quatre ans de la phase transitoire de l’harmonisation tarifaire. Nous étions venus avec une délégation composée pour l’essentiel de représentants du ministère du Pétrole et des énergies, du ministère des Finances et du budget, du Fonds spécial de soutien au secteur de l’énergie (Fse) et de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser), avec l’opérateur sur place, mais aussi avec les populations, des représentants d’associations de défense de consommateurs, pour parler aux populations de vive voix, constater les difficultés, noter les acquis de la phase transitoire, mais aussi les contraintes pour aller en douceur vers l’harmonisation totale.
Nous avons passé en revue l’avenant pour voir exactement si l’opérateur a appliqué correctement les mesures transitoires qui étaient décidées.
Concrètement qu’avez-vous noté ? Avez-vous constaté des avancées dans les différentes concessions ?
De manière générale, que ce soit la concession Dagana-Podor-Saint Louis ; celle de Louga-Linguère-Kébémer ou la concession Kaffrine-Tamba-Kédougou, le premier élément de satisfaction que nous avons, c’est qu’à l’unanimité, les populations ont reconnu ce geste fort qui a été fait par le président de la République, à savoir que les factures déjà mensuelles ont été divisées par deux, voire par trois. Aujourd’hui, les usagers paient un tiers de ce qu’ils payaient avant 2018. Et c’est l’Etat, à travers le Fse, qui supporte la compensation tarifaire. Donc, c’est une bonne mesure qui a été approuvée.
Mais des contraintes ont été soulevées, notamment les problèmes d’extension du service, la capacité installée. Dans certaines zones où il y a le solaire, il n’y a pas suffisamment de puissance pour pouvoir développer des usages productifs, notamment les moulins à mil, les forages, entre autres. Ce sont des constatations que nous avons faites et qui appellent des mesures de redressement. Ce qui ne va pas manquer et j’ai bon espoir, parce que pas plus tard que le jeudi 24 mars 2022, le président de la République a convoqué une réunion de haut niveau sur l’électrification rurale. Il a donné de nouvelles orientations claires à l’ensemble des acteurs (ministères, Commission de régulation, Aser, Fse) pour pouvoir accélérer la cadence et aller dans le sens de l’objectif qu’il nous a fixé, à savoir l’accès universel à l’électricité à l’horizon 2025. Et aujourd’hui, nous avons de bonnes perspectives et surtout que pour les concessions où l’opérateur a été défaillant, les contrats ont été résiliés et les concessions confiées à la Senelec. Il sera donné à la Senelec, des moyens supplémentaires pour pouvoir aller très vite, surtout dans les zones qui sont proches du réseau.
Quelles sont les concessions où vous avez noté des défaillances ?
Il s’agit de la concession Kaolack-Nioro-Fatick-Gossas où en 2019, l’Etat du Sénégal a dû résilier ces contrats de concession. C’étaient les contrats de concession du groupement Enco. Mais pour le reste, notamment les concessions Dagana-Podor-Saint Louis ; Louga-Linguère-Kébémer et Kaffrine-Tamba-Kédougou où on avait Comasel Louga, Comasel Saint-Louis et Era Tambacounda, le système étant en marche, le taux d’électrification de 2018 à 2022 a été multiplié par trois du fait principalement des mesures d’harmonisation tarifaire décidées par le président de la République.
Est-ce que l’Etat reverse régulièrement les compensations tarifaires aux concessionnaires ?
Il y a quand même un peu de retard dans le versement de la compensation.
Maintenant que le problème a été bien posé, le président de la République a donné des instructions fermes pour qu’on puisse résorber le gap dans le paiement de la compensation. Je dois rappeler simplement que pour ce qui est de la Senelec, pour maintenir les tarifs en vigueur, aujourd’hui, on est dans l’ordre de 110 milliards de francs à 120 milliards. Et pour le monde rural, on n’atteint même pas 4 milliards de francs Cfa en termes de compensations tarifaires. C’est quelque chose qu’il faut corriger très rapidement. Le président de la République en est conscient et des instructions fermes ont été données pour que l’Etat soit à jour par rapport à cette compensation tarifaire.
Par Dialigué FAYE – dialigue@lequotidien.sn