Le président du Conseil national de la maison des éleveurs du Sénégal (Cnmde) plaide pour un assainissement du secteur de l’Elevage. Appelant le ministre Samba Ndiobène Kâ à la vigilance, Ismaïla Sow dénonce, dans cet entretien qu’il a accordé au journal Le Quotidien, une mafia qui risque de plomber le secteur.

Comment se porte le secteur de l’Elevage en cette période de pandémie, surtout que nous sommes à l’approche de la fête de Tabaski ?
Comme tous les autres secteurs, notre secteur est aujourd’hui, véritablement touché par les effets du Covid-19. Dans ce secteur, on est habitué à la transhumance pour faire vivre nos animaux. Alors qu’avec la propagation de la maladie du Coronavirus, les déplacements ne sont pas très recommandés. Nous avons une activité qui nécessite une mobilité, nous sommes obligés de nous déplacer pour non seulement faire vivre le bétail, mais également pour commercer. Et avec les mesures de restriction, ces activités ont pour un bon moment, tourné au ralenti.

La fête de Tabaski se profile à l’horizon. Est-ce que des dispositions ont été prises par les éleveurs pour assurer un bon approvisionnement du marché national en moutons ?
Affirmatif. On peut assurer un approvisionnement correct du marché, à condition que l’Etat nous octroie des dérogations pour faire le déplacement. Certes maintenant le couvre-feu est de 23 heures à 5 heures du matin. Mais il y aura des camions qui vont quitter les régions lointaines et ce n’est pas évident qu’ils arrivent à temps avant l’heure du couvre-feu. Imaginer que l’heure du couvre-feu te trouve en route. C’est sûr que des sanctions vont être infligées aux éleveurs. Et cela ne facilitera pas les choses. Tout de même, nous pensons que le marché sera bien approvisionné.

Peut-on s’attendre à des prix abordables cette année, c’est-à-dire des moutons qui coûtent entre 75 mille et 100 mille francs Cfa ?
Il y en aura. Mais c’est très difficile de gérer le marché du mouton, surtout à la veille de la fête de Tabaski. Parce que la demande ne concerne pas seulement les musulmans. L’autre problème, ce sont les spéculateurs qui achètent de grandes quantités de moutons à un prix unitaire compris entre 45 à 50 mille francs Cfa pour les revendre à des prix beaucoup plus chers. Ce qui est un phénomène très difficile à combattre. Et les Sénégalais ont l’habitude d’attendre le dernier moment pour acheter leur mouton. Raison pour laquelle ces revendeurs renchérissent les prix des moutons. Ce qui est regrettable.

Présentement, quelles sont les difficultés auxquelles les éleveurs sont confrontés ?
L’aliment de bétail reste un problème fondamental. Il y a aussi le vol de bétail qui est toujours là, ainsi que le problème foncier que nous avons toujours décrié sans succès.

Et justement quelles sont vos attentes ?
Nous demandons à ce que notre secteur soit organisé. Au moment où certains agents de l’Etat travaillent pour l’intérêt des populations, d’autres ne sont là que pour leurs propres intérêts. Il y a des agro-businessmen qui se sont accaparés de toutes les terres au détriment des éleveurs. Ce qui n’est pas normal.

Comment appréciez-vous le travail du ministère de l’Elevage et des productions animales ?
On ne peut que magnifier son travail. Il est jeune, il maîtrise bien son secteur, par ce que c’est un éleveur avant tout. Son papa que nous connaissons est éleveur de profession. C’est un agronome, il sait ce qui est l’alimentation et la production. Tout son entourage est constitué d’éleveurs. Donc, il a l’obligation de réussir. Aminata Mbengue Ndiaye à toujours bien travaillé. Et il est sur les pas de cette dernière. Mais il doit rester très vigilant. Car il y a des gens tapis dans l’ombre, qui ne pensent qu’à leurs poches. Si le ministre Samba Ndiobène Ka veut réussir à 100%, il n’a qu’à assainir ce secteur. Il y a une mafia qui risque de plomber le secteur de l’Elevage. Et se sont des parasites qui risquent de gâter son travail. Il y a des organisations du secteur de l’Elevage qui se forment et qui ne sont pas reconnues et qui sèment le bordel.