Contacté, le maire de Ngoundiane nous a mis en relation avec son premier adjoint. Mbaye Sarr liste les réalisations des entreprises présentes dans la zone et le rôle de la mairie depuis 2009 dans la défense des intérêts des populations. L’élu, par ailleurs cadre au ministère des Finances, fustige la réforme de la patente.
Quelles sont les retombées de l’exploitation du basalte à Ngoundiane depuis que Mbaye Dione est maire de même que les réalisations des exploitants dans le cadre de la Responsabilité sociétale d’entreprises ?
Les retombées sont principalement de deux ordres : le premier ordre est relatif aux retombées légalement dues et le second ordre est lié à ce qui est communément appelé Rse. En ce qui concerne le premier ordre de retombées, c’est-à-dire tout ce que les exploitants nous doivent aux termes de la loi (droits et taxes), nous pouvons dire que de 2009 à 2017 avec l’arrivée du maire Mbaye Dione à la tête de la collectivité territoriale, la commune s’en est tirée bon an, mal an. L’année de référence c’est bien sûr 2009, à notre arrivé le budget global (tous droits et taxes compris) de la communauté rurale d’alors ne dépassait pas les cent millions. Aujourd’hui, pour les mêmes droits et taxes, nos prévisions budgétaires dépassent les neuf cents millions avec un taux de recouvrement réel qui dépasse les 70%.
Concernant le second volet des retombées, je m’en vais vous citer, à titre d’exemple, juste quelques réalisations à effets directs sur la vie des populations pour montrer que le maire Mbaye avec son équipe ont fait d’énormes efforts dans ce sens. L’exemple le plus récent, c’est la réalisation courant 2019 d’un forage à Ngoundiane centre financé par la Gécamines. C’est le plus grand forage du département en termes de débit. Avant, c’étaient les pistes rurales qui ont été faites par les exploitants à 90%, des salles de classe, une Maison des jeunes moderne avec une bibliothèque toujours financées par Gécamines, une tribune au stade municipal de Ngoundiane financée par Cogeca (Groupe Layousse). Les autres exploitants comme Cse Granulats, Tetacar (Groupe Bara Tall), interviennent aussi dans l’accompagnement à la commune dans son ambition de mettre en place des infrastructures modernes dans tous les domaines. Tout récemment avec la lutte contre le Covid-19, les exploitants ont contribué considérablement à l’effort de généralisation de l’aide alimentaire par la commune. En effet, en plus de l’appui de l’Etat que nous magnifions, la contribution significative de la commune à partir de son budget, la plupart des exploitants ont contribué en nature (riz, huile, pâtes, sucre et savon) pour nous appuyer dans notre volonté de servir tous les ménages de la commune de Ngoundiane.
Que fait la mairie pour promouvoir les jeunes dans les usines qui exploitent les carrières ?
La promotion de l’emploi des autochtones dans les carrières fait partie des deux premiers points que nous inscrivons à l’ordre du jour lors de nos différentes négociations avec les partenaires. Elle vient juste après le point des indemnisations. Pour dire au combien nous y tenons. De manière pratique, nous exigeons le recrutement en premier des propriétaires terriens au démarrage des chantiers et faisons des autres autochtones la priorité dans tout recrutement. Après les négociations, un protocole est signé, ce qui nous permet de pouvoir faire le suivi des engagements à échéance. En plus de ces protocoles qui existent pour tout nouvel exploitant, nous avons pu obtenir des traditionnels exploitants des accords qui font qu’ils nous consultent dans tout ce qui est recrutement de techniciens et de manœuvres pouvant exister localement. Il y a aussi l’accompagnement dans le cadre de la formation des jeunes aux métiers des carrières. Et dans le cadre du recrutement du personnel qualifié, une discrimination positive est accordée aux jeunes cadres de la commune et ceci grâce aux excellentes relations que l’équipe municipale entretient avec les exploitants. Nous pouvons également noter le nombre important de chauffeurs de camions et d’engins originaires de la commune recrutés par les carrières sur recommandation du maire
La Contribution économique locale avantage-t-elle Ngoundiane dans l’exploitation des carrières ?
Non, et vraiment non du tout. Cette loi, s’il faut la saluer dans son esprit de générosité, de partage et de collégialité pour ne pas dire d’équité, force est de constater que dans sa mise en œuvre pratique, elle nous a causé d’énormes difficultés. L’Etat devrait y revenir en guise d’évaluation le plus rapidement possible pour corriger les manquements surtout dans ses aspects recouvrement et partage effectif des recettes. Les inconvénients pour des communes comme la nôtre de la dernière réforme de la patente devenue Contribution économique locale (Cel) sont énormes. En effet, cette patente, qui profitait à juste titre aux zones d’implantation des carrières ou autres exploitations minières et industrielles, est transformée en une cagnotte nationale répartie à l’ensemble des 557 communes du Sénégal. Certes, nous ne sommes pas contre la solidarité et la mutualisation des ressources mais, une meilleure justice veut que ceux qui donnent leur terres cultivables aux exploitants des carrières, ceux qui avalent la poussière et qui subissent la pollution sonore et atmosphérique avec les corollaires sur leur santé, leur hygiène de vie sur leur cheptel et sur leurs exploitations agricoles, ne soient pas lésés. Par ailleurs, je rappelle que des communes comme Ngoundiane attendent encore depuis plusieurs années la répartition des ressources tirées du Fonds minier alimenté régulièrement par les cotisations des exploitants de carrières mais qui n’a jamais été reparti à notre profit.
Que fait la mairie pour l’indemnisation des populations qui ont perdu leurs terres à cause des carrières ?
Comme évoqué plus haut, cette question vient en première ligne dans nos discussions avec tout nouvel acquéreur de terres chez nous. De mémoire, jamais avant nous (c’est-à-dire avant 2009), il y a eu d’indemnisation en cas d’expropriation. C’est avec le Maire Mbaye Dione et son équipe que les paysans des localités concernées par l’exploitation des carrières ont connu ce qu’est une indemnisation. Cette dernière se fait de la manière la plus transparente possible, parce que le montant de l’indemnisation à l’hectare est voté par le Conseil municipal et validé par l’autorité préfectorale et les chèques dus à cet effet sont émis au nom du chef du village concerné en tant que représentant des populations. Si la zone occupée appartient à plusieurs occupants, le partage se fait au prorata de la surface de chaque occupant. en 2009, nous avions eu à faire indemniser plusieurs exploitants de champs qui étaient antérieurement affectés à des carrières. En plus de l’indemnisation en numéraires, nous convenons toujours avec les exploitants des carrières qui bénéficient d’une affectation de terres de donner la priorité dans leur recrutement aux familles qui exploitaient ces terres. C’est clairement consigné dans un protocole signé avec l’investisseur et une liste de travailleurs issus des membres des familles exploitant les champs est remise aux responsables de la carrière qui les recrutent en priorité en fonction de ses besoins et des profils disponibles. Il peut arriver des manquements dans le respect des engagements, mais la mairie veille au grain et n’hésite pas une seule fois à rappeler ou même à mettre en demeure certains qui sont à défaut.