Ndiouck Mbaye est peu optimiste sur les conclusions de la Commission nationale de la réforme foncière. La présidente de la Fédération nationale des femmes rurales du Sénégal dénonce leur non-implication dans les travaux de l’équipe de Moustapha Sourang. D’après elle, la Cnrf ne résoudra pas les problèmes d’accès à la terre rencontrés par les femmes rurales.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les femmes agricultrices ?
Notre préoccupation se situe au niveau de l’accès aux terres par les femmes. Il y a beaucoup parmi nous dans cette association qui comporte 302 mille membres, qui n’ont pas accès à la terre. On nous dit que les problèmes sont en train d’être résolus mais le défi persiste. Si vous allez au Saloum, les femmes ont ce problème. On leur loue les terres à 20 mille francs par hectare. Vous vous rendez compte ! Comment peut-on payer cette somme et aller contracter un prêt dans une banque pour acheter des semences ? Si les pluies ne sont pas abondantes qu’est-ce que vous allez devenir ? Non seulement, vous n’allez pas payer la dette mais vous n’aurez pas de quoi nourrir vos enfants. Par contre, si la femme a ses terres, il y aura moins de problèmes. Il faut que le gouvernement vous aide sur ce plan. C’est vrai qu’il y a la Commission nationale de réforme foncière. Mais mon problème est que je ne vois aucune femme du monde rural siéger dans cette commission. Il parait qu’il y a des juristes qui sont dedans mais le fait qu’il n’y ait pas de femme du monde rural, est inadmissible.

Est-ce que vous sentez une volonté politique de la part du gouvernement de promouvoir l’accès des femmes à la terre ?
Je viens de vous dire que je n’ai vu aucune femme du monde rural qui siège au niveau de la Com­mission nationale de la réforme foncière. Si les femmes qui sont concernées ne sont pas représentées dans cette commission, comment régler ce problème ?

Donc vous n’êtes pas optimiste par rapport aux con­clusions de la Com­mission nationale de réforme foncière surtout concernant l’accès des femmes à la terre ?
Je suis la présidente de la Fnfrs mais je n’ai pas été impliquée dans les tournées de cette commission. J’avais même de­mandé à ce qu’on organise les assises de l’agriculture et du foncier. Cela va nous permettre de régler tous ces problèmes. Mais jusqu’au mo­ment où je vous parle, ma proposition n’est pas prise en compte. Donc même avec les conclusions de la commission, les problèmes vont persister.

La Constitution du Sénégal favorise l’accès des femmes à la terre. Où se situe le blocage sur le terrain ?
Le blocage se situe au niveau de la base, au niveau des hommes, des chefs de villages, des notables… Il y a des paysans qui sont véreux de même que des chefs de village. C’est pourquoi, je demande avec force l’organisation de ces assises de l’agriculture et du foncier en convoquant tous les acteurs du monde rural. Sans cela le problème ne va jamais se régler. On aura beau pris des décrets, des arrêtés sans trouver des solutions à nos problèmes.