Racine Sy, président du Fopits, n’a pas mis des gants avec le nouveau ministre du Tourisme à qui il a fait savoir qu’il ne devait pas se considérer comme le patron du département qui venait de lui être confié. C’était hier lors de la passation de services entre le ministre sortant Maïmouna Ndoye Seck et son remplaçant Mame Mbaye Niang.
Cela ressemblait plutôt hier à du «je t’aime, moi non plus» entre le président de la Fédération des organisations patronales de l’industrie touristique du Sénégal (Fopits) et le nouveau ministre du tourisme. Après lui avoir souhaité la bienvenue, Mamadou Racine Sy a fait savoir à Mame Mbaye Niang et à ses conseillers, sur le ton d’une mise en garde, que son nouveau département n’avait rien à voir avec celui de la Jeunesse. «Ici, c’est celui du tourisme où il y des adultes et des experts ; vous n’avez affaire qu’à des patrons», a martelé M. Sy. «Vous n’avez que des patrons dans le tourisme, même quelqu’un qui a une auberge est son propre patron. Donc vous n’êtes pas le patron», a signifié avec instance M. Racine Sy dès l’entame de son propos. «Les ministres viennent, nous trouvent et repartent en nous laissant ici. Donc, c’est pour vous dire que la collaboration et le partenariat sont les maîtres mots de la réussite de tout ministre en charge de ce département», a-t-il prévenu celui qui est appelé à travailler avec les membres de son organisation pour produire des résultats dans le secteur du tourisme.
Néanmoins, en toute courtoisie, mais avec fermeté, Mame Mbaye Niang a porté sa réplique. «Je n’ai jamais travaillé en termes de patron ; moi non plus je n’ai jamais eu de patron», a réagi le tout nouveau ministre du Tourisme. En référence à son ancien secteur, de la jeunesse, il ajoutera : «Quand vous parlez à des jeunes, on doit sentir que vous parlez à des jeunes mais cela ne veut pas dire qu’on ne sait pas parler en tant que responsable.» Il dira : «Je pense que quelqu’un qui parvient à gérer pendant trois ans la Jeunesse sénégalaise sans aucune manifestation, sait dialoguer. C’est là-bas où il y a plus de fougue et d’histoires. On va capitaliser cette expérience, cette capacité d’écoute, mais de décider juste, équitable, conformément à la réglementation, à notre éthique avec loyauté et beaucoup d’abnégation.»
Mame Mbaye Niang a également voulu rassurer sur sa disponibilité à collaborer avec tous. «Il nous incombe de consolider et de poursuivre le travail important abattu par le ministre sortant, quant à l’optimisation des potentialités et opportunités en termes de tourisme, de loisir, d’affaires, de culture voire d’écotourisme», a-t-il déclaré. Se félicitant des bases de développement posées par Maïmouna Ndoye Seck, il a promis d’accélérer et de mettre en marche avec la fougue dont il a hérité de son passage au département de la jeunesse, et d’y aller à son rythme. «On va donner l’air d’être pressé, certains même se demanderont pourquoi nous y allons à cette vitesse, ce n’est pas de la précipitation c’est une déformation professionnelle que j’ai eue avec les experts … Quand on pratique ce métier pendant 12 ans, on a cette déformation d’aller vite et de trouver la solution appropriée à la situation.»
Répondant toujours aux doléances des promoteurs touristiques qui attendent de lui une vision partagée et de privilégier le dialogue, M. Niang a promis d’écouter et de prendre l’avis de tout le monde mais aussi de donner avec son équipe leur meilleur pour suivre le chemin tracé par le ministre sortant, afin d’y sortir avec honneur et dignité.
A noter qu’il n’y a pas photo entre la passation de services d’avant-hier entre Mame Mbaye Niang, Gorgui Ndong et Abdoulaye Diop au ministère de la Jeunesse, et celle d’hier entre le premier cité et Maïmouna Ndoye Seck. La salle était certes archipleine, l’attente longue, mais le folklore n’était nullement au rendez-vous. Comme effarouché par les acteurs du tourisme.
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