A Saint-Louis vendredi et à l’Institut français de Dakar samedi, l’ensemble Constantinople et Ablaye Cissoko vont se produire dans le cadre de leur tournée de promotion de l’album «Traversées».
Des notes de kora, mixées aux cordes du sétar, un instrument iranien de la famille des luths à manche long… A la salle de cinéma de l’Institut français de Dakar hier, les férus de la culture mandingue ont découvert l’originalité de l’album Traversées de l’ensemble Constantinople et de Ablaye Cissoko. Sur scène, Kiya Tabassian, Iranien à la barbe bien touffue, accompagne Ablaye Cissoko qui caresse sa kora. Après 7 années de collaboration, deux albums originaux et plus d’une centaine de concerts sur les plus grandes scènes du monde, les deux artistes sont en tournée au Sénégal pour présenter leur deuxième opus intitulé Traversées après Jardins migrateurs.
C’est une panoplie d’œuvres originales de Cissoko et de Tabassian qui revisitent des pièces de répertoires baroques péruviens, mexicains et espagnols. Un véritable voyage qui se dessine en musique de l’Orient jusqu’au nouveau monde, en passant par l’Afrique. La rencontre entre ces deux musiciens unit les cordes de la kora à celles du sétar iranien, traçant un parcours des épopées du royaume mandingue à la musique de cour persane.
A ce dialogue se joignent la viole de gambe, avec aux manettes Pierre-Yves Martel, et les percussions pour un programme musical d’une grande poésie avec comme chef d’orchestre Patrick Graham. Traversées traite aussi des questions de société. Comme ces chefs religieux qui ont quitté le Sénégal peu à peu. Dans le morceau Départs qui a très marqué Cissoko, l’artiste appelle les uns et les autres à se préparer pour l’autre monde. «On doit avoir peur. Tous ces gens sont partis, on doit avoir une pensée pour eux. On est tous interpellé à revoir nos comportements. L’heure de tout un chacun est proche», alerte Ablaye Cissoko, natif de Kolda.
La mort, Kiya Tabassian en parle également dans un poème. «J’ouvre mon œil et je ne vois plus ces gens qui étaient très importants pour moi et qui ne sont plus de nos rassemblements», confie l’artiste iranien, directeur artistique de l’ensemble Constantinople qu’il a créé en 1998 à Montréal.
Même l’actualité ne laisse pas indifférents les auteurs de l’album. «En tant qu’artistes musiciens, nous voyons autre chose que les politiciens. C’est cette autre chose que nous devons présenter au public. C’est une autre vision du monde comme l’ouverture face à autrui…», théorise M. Tabassian.
Vendredi, les mélomanes de Saint-Louis et ceux de l’Institut français de Dakar samedi vont goûter aux sonorités mandingues et persanes.
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