Le «Humeubeul» bat son plein depuis deux semaines dans la commune d’Oussouye. Cet événement culturel et cultuel est une fête et un rendez-vous pour les habitants de ce département. Cette fête du roi a cependant un cachet scientifique qui traite de l’environnement et des déchets.Par Khady SONKO –

La commune d’Oussouye vit au rythme du Humeubeul depuis deux semaines. Une fête de joie, de pardon, mais aussi d’espérance. Le mot Humeubeul signifie en diola, fêter dans la joie, dans le bonheur et dans la tolérance. L’événement est composé de 15 jours de rituels et 3 jours de festivités. Soit 18 jours avec une phase spirituelle et une autre culturelle. Pendant la phase festive, explique Souleymane Diédhiou, membre de la cour royale, il y a les danses Ekonkone, les séances de lutte traditionnelle des garçons et des filles. L’événement annuel se passe chaque année à la même période, à la fin des cultures. Le membre de la cour royale explique : «Après la culture, la communauté continue à faire des prières afin que la pluie prolonge son cycle pour que les cultures céréalières aient suffisamment d’eau pour mûrir convenablement.» Le Humeubeul, ou encore fête du roi d’Oussouye, date du 15e siècle. C’est un rendez-vous chez les habitants et ressortissants du département. «Ce sont des moments de bonheur, de partage, de tolérance. Le Humeubeul a joué un grand rôle durant la crise en Casamance. Avec cette crise, beaucoup de gens avaient quitté leurs villages, mais avec la fête Humeubeul, les gens ont commencé à revenir, mais surtout à se tolérer les uns les autres par rapport à ce qui s’était passé. C’est une fête qui rassemble, qui raffermit les cœurs et qui permet le pardon», informe M. Diédhiou. Les fils du département viennent de tous les horizons pour assister au Humeubeul.

Le cachet scientifique du Humeubeul 
Pour cette édition 2023, l’événement a pour la première fois un cachet scientifique à travers un workshop sur l’environnement. Souleymane Diédhiou explique : «Nous sommes de grands protecteurs de l’environnement, parmi lesquels le roi au premier plan. Ce thème, c’est justement pour mieux protéger l’environnement et le sécuriser.» Eugène Ndiaye, Directeur général de Voonoo  Events, en charge de l’organisation du Humeubeul, revient sur le volet scientifique donné à l’événement. L’idée était de débattre sur  l’environnement sous le  thème : «Prévenir, traiter, optimiser le déchet : Protéger et valoriser notre environnement.» «Nous savons qu’en Casamance, nous avons cette richesse naturelle, le bois sacré. Dans le royaume d’Oussouye, le Humeubeul, c’est la sortie du bois sacré. Il est important que dans le cadre du Humeubeul, on s’appuie sur les experts, sur des connaissances spécifiques pour débattre de la chose environnementale dans notre Casamance, afin que nous prenions conscience de l’importance de protéger dans l’avenir notre environnement», souligne-t-il. A l’issue du workshop, les initiateurs espèrent produire un mémorandum pour la commune d’Oussouye.

Au programme du Humeubeul, une plantation symbolique d’arbres par le roi, le maire et le sous-préfet, des ateliers avec des enfants sur l’environnement. «Si on veut que demain la question de l’environnement soit naturelle, il faut que nous l’adressions aux enfants», estime Eugène Ndiaye. Il y a eu à cet effet un atelier pour les enfants, avec un jeune étudiant qui l’a tenu  de manière ludique. La suite  du programme tourne autour de la sensibilisation sur l’environnement, la notion des déchets avec une troupe théâtrale d’Oussouye, des sketchs, des expositions, des séances de danses diambadong et kumpo, des séances de lutte, le Bahissène (sortie du bois sacré), des concerts, entre autres. S’y ajoute un atelier de percussions pour les enfants, pour leur apprendre la différence entre les instruments bugarabou et djimbé, et leur apprendre à battre ces instruments
ksonko@lequotidien.sn