La maladie de l’asthme gagne du terrain au Sénégal surtout avec la qualité de l’air qui se détériore de plus en plus. Mais le constat est que malgré les risques liés à cette pathologie, elle est banalisée. D’où le thème de la Journée mondiale contre l’asthme de cette année : «une maladie à prendre au sérieux !» A cela, il faut ajouter le nombre réduit de pneumologues : 15 sur l’étendue du territoire dont 12 concentrés à Dakar. Une situation qui rend compliquée la prise en charge de l’asthme.
L’asthme, une maladie grave qui devrait être prise au sérieux ! Le cri du cœur de professeur Nafissatou Oumar Touré, chef du service de Pneumologie de l’hôpital de Fann, pour alerter les personnes atteintes de cette pathologie. Souvent, la maladie est banalisée d’abord du fait de sa méconnaissance par le patient, son entourage mais aussi par un sous-diagnostic et un traitement insuffisant. Or, l’asthme représente une lourde charge pour le patient et son entourage. «C’est une maladie chronique des voies aériennes, qui peut entraîner des crises ou des gênes respiratoires qui altèrent la qualité de la vie et parfois menacent la vie du patient», ajoute Dr Khady Thiam, pneumologue au service de pneumologie de Fann. Dans son service, les crises d’asthme représentent 9,1% sur l’ensemble des consultations en 2013. Un chiffre qui ne reflète pas la réalité de cette maladie. L’absence de données concernant cette maladie dans les autres structures sanitaires du pays ne permet pas de disposer de chiffre réel. Mais les données du service de pneumologie de l’hôpital de Fann renseignent sur l’ampleur de l’asthme et ses conséquences.
Pourtant, notre pays ne dispose que de 15 pneumologues dont 12 se trouvant à Dakar, un à Thiès, un à Ziguinchor et un à Saint-Louis. Une situation qui ne permet pas une prise en charge optimale de la maladie sur l’entendue du territoire. Autre fait grave, le Sénégal ne dispose pas de service de réanimation pour les cas graves de crise d’asthme. Mais Dr Khady Thiam rassure, son service, en partenariat avec celui du ministère de Santé et de l’action sociale, a pu former des infirmiers, des chefs de poste et de centre de santé et a pu partager avec eux le protocole de prise en charge de cette maladie. Une façon pour eux de combler le gap et de permettre aux patients n’ayant pas de pneumologues dans leurs localités de bénéficier de soins adéquats. Aussi, fait-elle savoir, il y a l’école de l’asthme qui constitue un cadre pour les spécialistes et les asthmatiques pour discuter de la maladie et échanger sur les bonnes pratiques. Ce, en attendant notamment la mise en place d’une unité de réanimation et aussi une accessibilité des médicaments pour les patients.
Devant la presse, le service de pneumologie, en prélude à la Journée mondiale contre l’asthme, célébrée aujourd’hui dans le monde, a tout de même tenu à sensibiliser les personnes sur cette maladie. Professeur Nafissatou Oumar Touré recommande un suivi quotidien sur plusieurs années. «Cela va permettre à l’asthmatique de vivre avec une qualité de vie», assure-t-elle. Elle suggère aussi l’implication de la famille, de l’entourage car, estime-t-elle, la prise en charge doit être globale.
L’asthme ne se guérit pas mais le patient peut l’être grâce à l’observance de certaines règles pour éviter la survenue de crises d’asthme. Il doit éviter d’être en contact avec les acariens en rapport avec la literie, les animaux domestiques, éviter aussi la fumée, la pollution de l’air extérieur, entre autres.
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