MEMORIAL DE GOREE
«C’est historique pour nous, c’est émotionnel pour nous. Je me rappelle la première fois que j’ai visité le Sénégal et c’était lors de mon pèlerinage à Gorée et j’étais là-bas debout et même jusqu’à présent je ressens cette charge émotive relative au fait que c’est ce lieu qui a vu beaucoup parmi nous autres Afro-américains entamer un voyage périlleux vers les Usa contre notre volonté. Je remercie le Sénégal et les autres pays africains d’avoir contribué à la réalisation de ce Musée»,
Mme Thomas Greenfield, ancienne adjointe au secrétaire d’Etat américain chargée des Affaires africaines, qui s’était ainsi prononcée au Foreign press center de New York en prélude à l’inauguration du premier (1er) Smithsonian musée national pour l’histoire et la culture afro-américaines. Demain 4 juillet, les Usa sous le Président Donald J. Trump vont célébrer leur Indépendance toujours sous forme de polémique heuristique quant on sait que les déclarations d’intention d’indépendance des pères fondateurs américains n’incluaient ou n’accordaient pas les droits naturels aux Nègres esclaves africains. Et cela, le Smithsonian musée pour l’histoire et la culture afro-américaines l’a bien compris et cristallisé grâce à ses pavillons, ses galléries racontant le hiatus encore perceptible d’une Amérique en proie à ses démons encore négricides !
Aujourd’hui pour ce qui nous concerne nous autres, on peut dire que l’Afrique a été la principale victime de cette tragédie humaine que constituent les esclavages avec notamment la traite transatlantique des esclaves. Malheureusement, dans le monde moderne, le continent tarde également à définir les règles d’une gouvernance mondiale mémorielle et culturelle au profit d’une Renaissance africaine.
Des opportunités du Mémorial de Gorée pour l’Afrique et sa diaspora afro-descendante
Un Mémorial pour l’Afrique sur l’esclavage et les traites :
Comment les terres de Nkrumah, Mandela, Cabral, Senghor, Cheikh Anta, entre autres leaders politiques n’abritent-elles toujours pas un symbole fort en mémoire aux victimes des esclavages et autres traites ?
Aujourd’hui, d’un point de vue géostratégique, les Amériques, grâce au moins à «African burial ground de New York» et au «Mémorial acte de Pointe à Pitre», se positionnent en termes de reprise de l’initiative historique et surtout de la maîtrise du «storytelling» (récit historique) en mettant en place des programmes endogènes à même d’aider à la déconstruction du système néocolonial avec les résistances y afférents.
Quid des mémoriaux européens sur l’Esclavage à Nantes et Liverpool, qui se sont dotés d’une grande offre didactique mémorielle interprétant l’histoire avec un prisme européocentrique ?
Une journée de commémoration continentale pour l’Afrique
Malgré l’adoption par le défunt Sénat du Sénégal en 2010 d’une résolution consacrant le 27 avril Journée nationale de commémoration des résistances et de l’abolition de l’esclavage, il reste encore un long chemin à faire sur le plan législatif et du corpus juridique mémoriel.
Il est attendu un pas majeur grâce à l’adoption par exemple par l’Assemblée nationale d’un projet ou proposition de loi commémorant les victimes des esclavages. Ensuite, on pourrait l’étendre au niveau de l’Union africaine même si les Nations unies ont déjà reconnu le 25 mars comme Journée internationale…
Au Sénégal, les ministères en charge de l’Education et de la Culture pourraient, chacun en ce qui le concerne, veiller à l’organisation technique, matérielle, stratégique et académique de cette Journée panafricaine qui serait la date de «pèlerinage-retour» de ces millions d’Afro-descendants qui ont soif d’une reconnexion, d’une resynchronisation avec la terre mère, le Motherland Mama Africa…
Malick KANE
Directeur de publication Afrig Mag
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