Transfert d’argent et investissements : La diaspora souscrit à des mesures incitatives

Par Pape Moussa DIALLO (De retour d’Italie) –
Les sommes d’argent expédiées par les ressortissants africains vivant à l’étranger vers leurs pays d’origine ont déjà atteint 589 milliards de dollars, soit une hausse de 7,3% par rapport à 2020, renseigne le dernier rapport de la Banque mondiale. Cela démontre l’importance du transfert des fonds vers l’Afrique. Le Sénégal n’est pas en reste. 2,6 milliards de dollars (688 milliards 700 millions F Cfa), c’est la somme que le pays a reçue en 2021 de sa diaspora. Pour permettre au pays de mieux jouir de ces fonds et d’impacter plus efficacement la croissance du pays d’une part et d’autre part d’évincer les géants du secteur du transfert d’argent comme Western union et MoneyGram, les ressortissants sénégalais établis en Florence exhortent l’Etat à se doter de ses propres dispositifs de transfert d’argent avec des tarifs compétitifs, à défaut de moderniser La Poste. «On ne peut pas négliger ou occulter l’apport des immigrés dans l’économie du pays», a fait savoir Omar Guèye, chargé de l’organisation de l’Association des Sénégalais de Florence. Pour lui, l’Etat ne doit plus laisser cette manne financière lui glisser entre les doigts. Pour ce faire, dit-il, «l’Etat doit penser à l’érection d’une banque pour les immigrés». Prenant l’exemple de l’Italie, il dit : «On fait tout par La Poste. Au Sénégal, on pourrait faire de même si La Poste était modernisée et faisait correctement son travail. Elle aurait pu mettre au point un système de transfert d’argent innovant à moindre coût en comparaison aux autres, pour capter tous ces milliards.» En collaboration avec les immigrés, les ambassades et autres consulats du Sénégal à l’étranger, ce dernier estime que cela ne peut que soulager les immigrés et leurs familles d’une part et d’autre part, permettre à l’Etat de renflouer ses caisses. L’argent ne passera plus par des flux informels mais des canaux formels gérés par l’Etat. Tout comme les transferts d’argent, les Sénégalais de Florence estiment que pour encourager l’investissement et le retour de l’expertise, il faut que l’Etat prenne la responsabilité d’être le garant des investissements qu’ils auront à faire. Ce, pour éviter que les erreurs du passé ne se reproduisent et barrer la route à des personnes intermédiaires qui ne font que dépouiller les immigrés de leurs biens. «On ne refuse pas de rentrer pour investir au pays. Mais l’Etat doit s’arranger pour qu’on ait des interlocuteurs fiables et s’engager à être notre garant auprès des entreprises si on doit investir. Tout ceci va nécessiter des discussions et nous espérons avoir l’occasion de discuter avec le président de la République au cours d’une audience que nous souhaitons avoir», conclut Mamadou Sall.