Par Khady SONKO

– La 3e édition de la Con­férence internationale sur l’intensification durable (Cid) a été lancée hier, avec comme thème : «Adaptation et résilience des agriculteurs en Afrique de l’Ouest : innovations agroécologiques et intégration des territoires.»
Cependant, l’évocation du mot «intensification», dans l’agriculture, provoque des inquiétudes chez les agriculteurs, qui craignent un accaparement des terres, au nom justement de l’intensification de l’agriculture. «Dans l’intensification, la plupart du temps, on pense à l’investissement étranger qui, malheureusement, entraîne beaucoup de difficultés. Dans nos pays, avec l’intensification, les gens pensent à ceux qui ont des capitaux. La ruée vers les terres, avec le prétexte de pouvoir nourrir le monde», alerte Thierno Cissé, à la cérémonie d’ouverture de l’atelier qui va durer trois jours. Le représentant du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) invite ainsi les Etats à créer un environnement favorable pour le développement de l’agroécologie résiliente. Malheureu­sement, se désole-t-il, «dans nos pays, quand on parle d’environnement favorable, c’est favorable aux investisseurs au détriment des communautés». «Il faut redresser la tendance et créer un environnement favorable pour que les communautés, en particulier les organisations paysannes, les paysans, puissent assurer pleinement leur rôle de nourrir les populations, créer de la richesse et des emplois», a soutenu M. Cissé. A l’en croire, les paysans sont les patrons dans le secteur de l’agriculture et les autres acteurs constituent des ouvriers, dont l’Etat qui doit créer des conditions pour permettre à l’agriculteur de réussir sa mission de nourrir le monde.
Pour le conseiller technique du ministère de l’Agriculture et de l’équipement durable, la transition écologique est bien possible au Sénégal. Du moins, exhorte Mamadou Woury Diallo, le contexte actuel du pays l’est. Il en veut pour preuve, des politiques actuelles du gouvernement, notamment le Plan Sénégal émergent (Pse) Vert.
Afin de soutenir les initiatives de transition agroécologique au niveau national et régional et pour faire face aux défis climatiques et la sécurité alimentaire et nutritionnelle, un programme sous-régional en agroécologie sur 10 ans, intitulé Intégration d’approches agroécologiques pour accroître la résilience au changement climatique, améliorer les systèmes alimentaires durables en Afrique de l’Ouest et au Sahel, est en cours de préparation par le Fonds des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), en partenariat avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Le rapport de la Fao sur la situation mondiale de l’alimentation en 2021 ou Sofa 2021 montre que, pour nourrir une population mondiale qui devrait atteindre 9,7 milliards d’êtres humains en 2050, l’agriculture risque de devoir produire entre 40% et 54% de plus de nourriture, d’aliments pour animaux et de matières premières, selon les scénarios. «Cette mission titanesque pourrait soumettre les ressources naturelles de la terre à des pressions insoutenables», craint Mame Ndiobo Diène, représentante de la Fao.
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