Le ministre des Transports et le Pdg d’Air Algérie ont été limogés après l’achat de vaisselle pour les avions.

A Air Algérie, en cette période de crise, pas question de mettre les petits plats dans les grands. Il a été mis fin aux fonctions de Lazhar Hani, ministre des Transports, de Bakhouche Alleche, Pdg d’Air Algérie, ainsi que du responsable du catering au sein de la compagnie nationale. «Cette décision a été prise à la suite de l’engagement d’une opération d’importation par la compagnie nationale Air Algérie de fournitures liées à l’activité de catering, et ce, sans tenir compte du contexte économique national et des orientations financières visant la gestion rationnelle des devises et la priorité à accorder à la production nationale», indique un communiqué du Premier ministre. Selon El Watan, l’importation concernerait de la vaisselle en porcelaine destinée à la classe affaires des vols internationaux, une opération réalisée à un moment où Air Algérie, déjà en déficit chronique, a suspendu son activité à l’extérieur du pays.

Lourdeurs de gestion
Le manque de devises est un problème récurrent pour Air Algérie. Dans le transport aérien, la majorité des postes de coût (avions, moteurs, pièces détachées, assurances, etc.) est en dollars ou en euros. Seul le carburant, ici, n’est pas concerné à 50 %, car le plein en escale hors Algérie est réglé en dollars. Il y a dix ans, la compagnie avait échappé de peu à la liste noire européenne. L’entre­tien des avions était délaissé et des opérations de maintenance ajournées faute de crédits en devises pour acquérir des pièces. La disponibilité des avions en souffrait, suscitant de nombreuses annulations de vols.
Quelques milliers d’euros de porcelaine justifient-ils le limogeage du ministre des Tran­sports, voire celui du Pdg d’une compagnie ? Un conflit d’intérêts est évoqué sachant que Lazhar Hani et sa famille sont actifs dans le domaine du transport maritime, actionnaire dans la filiale algérienne de la logistique espagnole Romeu Algérie, et celle de Green Algérie du taïwanais Evergreen marine corp.
Des élus reprochent aussi le «déroulement désastreux des vols de rapatriement et le retour des avions presque vides». 25 mille ressortissants algériens bloqués à l’étranger attendent toujours de rejoindre le pays.
Le Point