Relaxés en première instance, les employés du Café de Rome risquent cette fois-ci une peine de prison. Il s’agit d’un véritable retournement de situation parce que le Parquet, qui les avait blanchis devant le juge correctionnel, a changé de réquisitoire pour les charger en Appel. Un changement de ton, qui émeut la défense.

Ça sent le roussi pour les travailleurs du Café de Rome. Suite à l’Appel du ministère public et de la partie civile, le Parquet général a requis 1 an avec sursis contre eux. Pourtant, ces employés, poursuivis pour association de malfaiteurs et abus de confiance, ont été relaxés par le premier juge, qui a suivi les conseils du Parquet. Revenant sur le modus-operandi, opéré par les prévenus pour détourner à leur profit l’argent du Café de Rome, le procureur a demandé l’infirmation de la première décision et la disqualification du chef d‘accusation de l’association de malfaiteurs en vol au préjudice de l’employeur. Selon le Parquet général, tout a commencé suite au déficit de fonds notés dans le service de la comptabilité. Pour avoir une idée nette de la situation, la direction a mis en place des vidéos de surveillance, qui n’ont pas tardé à révéler le pot-aux-roses. D’après lui, «les prévenus dissimulaient les bons de commande des clients au niveau de la caissière qui se charge de faire la répartition à la descente». L’autre méthode utilisée, fait remarquer le Parquet général, était de faire glisser des cornets dans les paniers-poubelles pour éviter d’éveiller des soupçons.
Interpellés sur ces questions par les agents de la Division des investigations criminelles, Odile Gomis et Amy Faye avaient nié les faits. Mais confrontées aux vidéos, elles sont passées à table, a soutenu le Procureur général. «Sachez que les enquêteurs n’ont rien inventé, car c’est par rapport à leurs explications qu’ils ont su leur modus-operandi», a-t-il ajouté. Après avoir requis la relaxe à l’endroit de Mari Niang et Collette Faye, il a demandé 1 an assorti de sursis contre le reste des travailleurs, après avoir sollicité l’infirmation et la disqualification des faits d’association de malfaiteurs en vol au préjudice de l’employeur.
Au cours des débats d’audience, les avocats de la défense ont posé la question au Directeur général du Café de Rome à savoir s’il a été noté dans la comptabilité de l’entreprise des manquements, sa réponse est négative. «Dans la comptabilité non, au­cun manquement», a-t-il répondu. Pourtant, il continue à insinuer que des manœuvres ont été faites par les employés pour détourner l’argent du restaurant. Son avocat, qui est convaincu de la culpabilité des prévenus, a réclamé en guise de dommages et intérêts, la somme de 20 millions de francs Cfa. Selon Me Yéri Ba, il est reproché aux prévenus d’avoir mis en place des systèmes très huilés pour dé­tourner de l’argent. Certains, rappelle l’avocat, avaient même déclaré qu’il y avait un système qui les permet de soutirer l’argent à l’entreprise. Mais, Me Arona Basse, qui s’étonne du changement de réquisition du Parquet, aussi bien dans le fond que le dans contenu, pense que le corps du délit fait défaut. «Comment depuis des années, l’ancienne direction tout comme la nouvelle n’ont pas réussi à mettre à nu cette supposée pratique», se demande-t-il avant de préciser à l’endroit du Parquet qu’il est difficile «d’avoir la même commande le matin et à midi pour pouvoir faire le différentiel et soutirer l’argent». Me Arona Basse trouve que le délit d’abus de confiance n’est pas constitué et c’est pourquoi le Parquet général a cherché à glisser vers le terrain de vol pour asseoir la culpabilité des prévenus. Il a plaidé la relaxe. Le délibéré est fixé au 9 janvier 2018.
justin@lequotidien.sn