Malgré son état physique qui s’est détérioré en détention, Assane Diouf, qui comparaissait hier pour les délits d’injures publiques par le biais d’un système informatique, invectives, trouble à l’ordre public, outrage à un ministère de culte, outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions pour lesquels il risque 5 ans, a tout assumé à la barre. Il sera fixé sur son sort le 8 janvier 2019.

Assane Diouf a perdu de sa superbe en prison, mais il gardé intacte cette réputation qui l’a porté à cette célébrité à l’origine de ses déboires judiciaires actuels. Il s’est présenté à la barre en traînant le pied, à cause d’une fracture qu’il a connue en détention. Me El Hadji Diouf y trouve un moyen d’attaque pour introduire le procès. Il dit : «Il a été sauvagement battu et il a eu une double fracture», dénonce Me El Hadji Diouf qui défend l’insulteur public. Il fait une requête pour qu’on lui trouve une chaise à cause de son handicap physique actuel. Le juge accède à sa demande et lui lit les actes d’accusation à lui reprochés : injures publiques par le biais d’un système informatique, invectives, trouble à l’ordre public, outrage à un ministère de culte, outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions. Les accusations semblent lourdes, mais Assane Diouf nie avoir injurié le porte-parole du khalife général des Mourides qui lui vaut sa comparution devant la Tribunal correctionnel. Il garde malgré la solennité du moment son verbe provocateur : «Je ne l’ai pas insulté. J’ai fait dix-sept ans aux Etats-Unis. Je travaillais durement et je ne suis pas milliardaire. Alors, en tant que disciple mouride, je voulais juste qu’il me dise comment il a fait pour être milliardaire. Je lui ai juste posé une question en lui demandant d’où il a pris tous les biens qu’il possède. Cette question a toute sa pertinence parce qu’aujourd’hui, il est devenu milliardaire alors qu’il n’a pas de société encore moins de champ», a déclaré Assane Diouf.
A la barre, tout son passé d’insulteur public est revenu à la surface. Cherchiez-vous de l’argent à travers les vidéos publiées sur la plateforme numérique ? «Je les ai partagées dans un cadre privé. Ma page Facebook est privée et seuls mes amis pouvaient y avoir accès. Je parlais avec eux des difficultés auxquelles sont confrontés les Sénégalais. Je n’ai jamais posté mes vidéos sur YouTube et cette chaîne ne m’a jamais payé un sou. Ce sont mes amis qui ont créé Dom Kharam Tv qui partageaient mes vidéos», se justifie le prévenu. Quid des flics de Guédiawaye qu’il a traités de «policiers corrompus». «J’ai des vidéos dans lesquelles on voit les policiers du commissariat de Guédiawaye s’adonner à des actes de corruption. Elles sont bien gardées et je peux les diffuser», a-t-il reconnu. Les vidéos sont diffusées dans la salle sur autorisation bien sûr du juge. Sur l’affaire Serigne Bass Abdou Khadre, il parle d’images manipulées et assume par contre tout ce qu’il dit sur les policiers de Guédiawaye.
Il n’était pas à la barre pour ça, mais il est en rogne contre l’Etat qui l’a traité de terroriste pour «obtenir son rapatriement». Et il n’oublie pas son arrestation musclée procédée par le Fbi. «Ma femme a porté plainte contre certains agents. D’ailleurs, une enquête est ouverte aux Etats-Unis. Cette affaire est loin d’être terminée», annonce celui qui a vécu 17 ans aux Etats-Unis avant de devenir célèbre à cause de ses publications. Pourquoi alors ce changement d’attitude ? «J’ai commencé à dénoncer le régime quand Macky Sall a décidé de faire un mandat de 7 ans en lieu et place du quinquennat qu’il nous avait promis», dit-il.
Cette défense n’a pas évidemment convaincu le Parquet qui a requis 5 ans de prison ferme contre lui en rappelant que ses injures avaient choqué l’opinion publique. Ça a mis en rogne Me El Hadji Diouf : «Il n’a pas volé, ni vendu de la drogue ni escroqué encore moins tué quelqu’un. Même Serigne Bass Abdou Khadre n’a pas porté plainte contre lui. Il n’y a pas de partie civile. En requérant 5 ans, le procureur est en règlement de comptes parce qu’ils sont en colère contre lui.» Il a insisté sur la probité des juges et leur amour pour leur pays pour espérer une relaxe pure et simple. Et Assane Diouf saura le 8 janvier prochain la décision du juge.
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