Parlez-nous du Rafem et ce qui a motivé sa création ?

Le Rafem est né à la suite d’une publication qu’on a faite sur la situation et les conditions de vie des femmes migrantes. Cette publication, qui a été faite grâce à l’appui et au financement de la fondation allemande Friedrich Ebert, nous a permis de voir les conditions difficiles auxquelles les femmes migrantes sont exposées. En parlant des femmes migrantes, nous parlons de nos sœurs immigrées qui nous viennent de la sous-région et qui sont installées au Sénégal, de nos sœurs migrantes de retour qui n’ont pas pu faire une migration réussie et qui sont rentrées au pays. Aussi, nous intégrons les migrantes internes. C’est-à-dire nos sœurs qui viennent pour la plupart du temps de l’intérieur du pays pour exercer un travail domestique au niveau des capitales régionales.

Après l’étude et ayant connaissance de leurs conditions de vie, on s’est dit qu’il fallait agir. On ne pouvait pas, après cette publication et les informations reçues, rester sans rien faire. C’est ainsi qu’on a bénéficié d’un accompagnement de la fondation Friedrich Ebert pour la mise en place dudit réseau. Après sa mise en place, on a mis en branle un projet au profit des femmes migrantes. C’est le programme 3f. La formation se décline par un renforcement de capacités. La plupart des femmes exercent des activités dont elles n’ont aucune connaissance technique et professionnelle. Après la formation, on a pensé à la formalisation. C’est-à-dire avoir une activité économique conforme à la législation du travail du pays.

Enfin, il fallait accéder au financement, au crédit pour avoir une activité productive garantissant un revenu décent pour tendre vers l’autonomisation économique. C’est ce programme qu’on est en train de dérouler. La partie renforcement de capacités a été prise en charge entièrement par la fondation Friedrich Ebert à travers six (6) formations. Nous sommes maintenant à la phase de la formation professionnelle pour permettre aux femmes migrantes d’avoir une activité professionnelle décente qui puisse leur permettre d’avoir un revenu décent et garder leur dignité en tant que femme.

Quelle est la pertinence de la mise en place d’une telle organisation ?
D’abord elle réside dans le fait et la nécessité de s’interroger sur la situation des femmes. Les migrantes sont des femmes qui rencontrent toutes les difficultés que peuvent rencontrer les hommes, et même plus. S’y ajoute leur statut de migrantes qui aussi, à un certain niveau, les expose toujours par rapport aux démarches administratives, au crédit, à l’accès au marché du travail, à la Justice, au logement, etc. Ce sont des problèmes sociaux auxquels elles sont confrontées. En plus, la pertinence de ce réseau, c’est de s’attaquer aux problèmes que rencontrent les femmes migrantes. Il fallait trouver une connexion entre les femmes immigrées au Sénégal et leurs sœurs sénégalaises pour assurer une certaine intégration sociale d’abord de ces dernières, ensuite, dans le cadre de l’autonomisation, s’attaquer à toutes les difficultés qu’elles rencontrent en vue d’essayer d’y apporter des solutions.

A travers cette organisation, qu’elle est le message que vous souhaitez formuler et quel est votre appel aux partenaires et aux pouvoirs publics ?
Nous sommes un pays africain. Nous sommes dans le cadre régional et sous-régional dans une approche et politique de libre circulation. Sous ce postulat, nous disons que les sœurs qui nous viennent des autres pays sont des Africaines comme nous. Elles doivent bénéficier des mêmes opportunités que leurs sœurs du pays. Avoir accès à la santé, à l’emploi, un travail décent devrait aussi être consacré à ces dernières au niveau de nos mécanismes, de notre législation pour qu’il n’y ait aucune discrimination de ces migrantes. L’appel, c’est aussi que les programmes pour l’amélioration des conditions de vie au niveau du pays, les projets pour la protection et la promotion des droits des femmes, des projets pour l’autonomisation des femmes puissent intégrer ces personnes migrantes. Elles doivent bénéficier, au même titre que leurs sœurs sénégalaises, des opportunités qui existent au niveau national. Nous lançons un appel aux pouvoirs publics pour qu’ils puissent prendre en compte le profil des femmes migrantes afin de leur permettre d’accéder aux opportunités existantes.