Fatou Makhtar Diop ne donne pas d’argent, et veut faire de la politique autrement en récupérant le stade Demba Diop pour en faire un Wembley. Ce grand projet, la tête de liste de la coalition Alliance pour des valeurs éthiques et citoyennes (Avec Ligguey kat yi) compte le réaliser une fois élue maire de Sicap-Liberté. Dans cet entretien, Mme Diop, cadre à Promovilles, prédit de bonnes surprises pour les listes indépendantes lors des Locales du 23 janvier.Qu’est-ce qui vous a pous­sée à créer votre liste indépendante pour aller à l’assaut des élections locales ?

A la Sicap comme dans tous les quartiers du Sénégal, nous sommes confrontés à un chômage endémique des jeunes, à l’insécurité et à la dégradation du cadre de vie. Cela nous a poussés à la réflexion en commençant par reprendre le plan de développement de la Sicap, faire le diagnostic et voir ce qui ne va pas. Cela nous a permis d’aller vers les acteurs. Il s’agit des leaders d’opinion, les relais communautaires, les badiénou goox, les mouvements cito­yens, les Asc, les jeunes, les femmes… A l’unanimité, ils ont tous eu la même réflexion que nous, comme quoi il y a des problématiques de sécurité, de cadre de vie, de chômage de jeunes. Tout cela nous a permis de créer la plateforme Wa Sicap dont je suis la coordonnatrice.

Quel est votre programme pour la commune Sicap-Liberté ?
On va commencer par créer un centre de formation des métiers, de services et réinsertion. Il y a beaucoup d’entreprises dans la zone mais qui recrutent ailleurs parce qu’elles n’arrivent pas à trouver les profils qu’il faut. Ce qui reste généralement, ce sont les manœuvres. Il y a beaucoup de sicapois diplômés mais qui n’ont même pas accès aux stages. Beaucoup de jeunes sont exposés à l’oisiveté. Ils se droguent et consomment de l’alcool. Il y a une fréquence de cas de vol, d’agression. Ce centre va aussi servir d’espace de dialogue et d’orientation qui nous permettra de le valoriser. Nous allons également créer une mutuelle de santé. On s’est rendu compte qu’il y a beaucoup de jeunes malades de pathologies pulmonaires, de tuberculose. Beaucoup de personnes du 3ème âge ont le diabète, la tension et autres maladies chroniques mais qui ont des problèmes pour accéder aux infrastructures de santé. Cette mutuelle de santé va permettre d’identifier les familles vulnérables. On va faire le système diapal ma diap pour les enrôler dans la Cmu ou bien dans les autres mutuelles existantes. On va aussi créer une banque communautaire parce qu’on a constaté que beaucoup d’associations féminines sont très bien organisées mais malheureusement n’ont pas accès aux financements qu’il faut. On va créer une base de données pour détecter la diaspora de la Sicap afin d’identifier les nantis de la commune. En outre, la Sicap a toujours été une cité de sport. Je suis une ancienne sportive faisant partie de la génération qui a amené la Sicap basket club Sibac en première division. Dans tous les quartiers de 1 à 6, il y avait des infrastructures de sport, avec des terrains de foot et de basket, de petits jardins. Le sport fait partie intégrante de la Sicap. Malheureusement, ces infrastructures n’existent plus. Nous comptons restaurer tout ce qui est infrastructures de quartier. Nous verrons comment, dans le cadre de l’intercommunalité, récupérer le stade Demba Diop et en faire un Wembley où il y aura sport-études. Toutes les catégories seront représentées, et ce sera un stade multidisciplinaire qui va permettre de donner des rêves aux jeunes qui sont là et veulent avoir des carrières sportives. Les maires doivent être plus visionnaires. Ce sont des projets qui peuvent se faire dans le cadre du Partenariat public-privé. Des pays l’ont réussi, donc pourquoi pas nous. Pour le bilan de l’actuelle mairie, je laisse les populations apprécier.

Etes-vous dans la mouvance présidentielle ou dans l’opposition ?
Je ne suis ni du pouvoir ni de l’opposition. Mon challenge est de changer les choses dans l’inclusivité. Un maire ne peut pas être contre le pouvoir, si on est sérieux. Un maire c’est comme un président de la République du quartier. C’est comme une maman dans une famille, il ne doit pas y avoir de parti pris. Je suis là pour une politique autrement, une alternative. Dans mes visites de proximité, je constate que les Sicapois adhèrent à notre vision. Ils sont ouverts à ce que nous proposons. Personne ne nous décourage. Ce n’est pas facile au Sénégal d’apporter une nouvelle vision surtout quand on ne donne pas d’argent. Person­nellement, je ne donne pas d’argent parce que je fais de la politique autrement. J’ai un projet, une vision, un réseau et je porte un leadership. Je sens l’engagement des Sicapois autour de notre projet. Je suis très optimiste. J’ai le meilleur profil parce que nous avons le meilleur programme. Il y a beaucoup de candidatures indépendantes pour ces élections. A mon humble avis, il y aura des surprises et ce sont les indépendants qui vont les créer. Il y a un ras-le-bol des politiciens classiques, soi-disant grandes coalitions.