Le Président Macky Sall a été porté officiellement samedi, à la tête de l’Union africaine pour un an. Lors de son discours au siège de cette organisation, à Addis Abeba, il est revenu sur les chantiers auxquels il compte s’attaquer pour ces 12 prochains mois.Par Dieynaba KANE –

Il piaffait d’impatience. Installé officiellement samedi comme président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall a décliné l’agenda qui l’attend à la tête de cette organisation, pour les 12 prochains mois. Lors de son discours à Addis Abeba, il a fait savoir que «nos défis restent nombreux et pressants ; qu’il s’agisse de la paix et la sécurité, de la lutte contre le terrorisme, la protection de l’environnement, la santé et le développement économique et social». Face à l’actualité du moment en Afrique de l’Ouest, avec les renversements des régimes démocratiques, il souligne que «la recrudescence du phénomène des coups d’Etat constitue une atteinte majeure à la démocratie et la stabilité institutionnelle sur le continent». Parlant de la paix et la sécurité, le chef de l’Etat a attiré l’attention sur le fait que «les antagonismes dispersent nos efforts et nous retardent sur le chemin du développement». Ainsi, fait-il remarquer : «Le bon sens commande de faire taire les armes et construire une culture de dialogue et de concertation, dans le cadre des mécanismes africains de résolution des conflits.»
«Construire une culture de dialogue et de concertation…»
Macky Sall a appelé «à un examen de conscience pour réaliser la paix des braves, afin de mieux nous consacrer aux autres urgences qui nous préoccupent». Parmi les urgences, il y a la question de la santé, notamment «les ravages du cancer, un tueur silencieux qui cause près de 20 millions de décès par an dans le monde, dont plus de 700 000 en Afrique». Le président de la République a déploré le fait que «40 % de nos pays ne disposent d’aucune unité de traitement par radiothérapie.» Dans le cadre des mécanismes développés pour apporter des solutions à ce problème, M. Sall a salué le lancement de «l’Initiative Rays of hope (Rayons de l’espoir)», visant à «soutenir les capacités des Etats membres, africains en particulier, dans la lutte contre le cancer, grâce aux technologies nucléaires, notamment l’imagerie médicale, la médecine nu­cléaire et la radiothérapie». Dans cette dynamique, il a encouragé «nos pays à appuyer la campagne Rays of Hope de l’Aiea, qui contribuera à la réalisation des Odd et de l’Agenda 2063».
Le Président Macky Sall compte aussi, durant son mandat, porter le plaidoyer pour un meilleur financement des économies africaines. «Nos économies sont sous financées, parce que des règles et procédures rigides entravent l’accès de l’Afrique à des prêts consistants de longue durée et à des conditions soutenables, pour le financement de son développement. Nos économies sont aussi mal financées, parce qu’elles continuent de payer des taux d’intérêt trop élevés, à cause d’un système inéquitable d’évaluation du risque d’investissement en Afrique», a-t-il regretté. Et d’ajouter : «A titre d’exemple, en 2020, alors que le monde entier subissait de plein fouet l’impact du Covid-19, 18 des 32 pays africains évalués par au moins une des grandes agences d’évaluation, ont vu leur notation dégradée ; soit 56% contre une moyenne mondiale de 31%. D’autre part, des études montrent qu’au moins 20% des paramètres de notation de nos pays, dépendent de facteurs plutôt subjectifs, par exemple d’ordre culturel ou linguistique, donc sans relation avec les fondamentaux qui déterminent la stabilité d’une économie.» Pour Macky Sall, «tout cela fait que la perception du risque d’investissement en Afrique, reste toujours plus élevée que le risque réel». Ce qui, à l’en croire, «renchérit les primes d’assurance, rend le crédit plus cher et pénalise ainsi la compétitivité de nos économies». Pour trouver une solution à ces difficultés, le président en exercice de l’Ua envisage, avec le soutien de la commission, «de mettre en place une task force de l’Union pour étudier la problématique du financement de nos économies, y compris par la réforme des règles de l’Ocde y afférentes, la création d’une agence panafricaine de notation et la mise en place d’un mécanisme de stabilité financière, sur lequel la Banque africaine de développement travaille déjà». De même, il veut que l’accent soit également mis «sur l’harmonisation de nos législations nationales et l’échange de bonnes pratiques dans l’industrie minière et des hydrocarbures, pour une meilleure rémunération de nos ressources». Ces chantiers, reconnaît Macky Sall, «pourraient certes prendre du temps», mais d’après lui, il est «nécessaire de passer des revendications aux actes, en jetant les fondements de leur construction». Se réjouissant de l’émission historique de Droits de tirage spéciaux (Dts) à hauteur de 650 milliards de dollars, avec laquelle «l’Afrique a pu disposer de son quota de 33 milliards de dollars pour renforcer sa résilience», Macky Sall estime que «c’est un acquis considérable». Mais, souligne-t-il, «au regard de l’impact profond de la crise, l’Afrique a besoin d’un financement additionnel d’au moins 252 milliards de dollars d’ici à 2025, pour contenir le choc et amorcer sa relance économique». En conséquence, promet-il : «Je poursuivrai notre plaidoyer pour la réallocation de 100 milliards de dollars de Dts de pays riches, en faveur des pays africains, selon des modalités à convenir». Le président en exercice de l’Ua souhaite aussi, qu’en «plus du Fmi, qu’une partie des Dts soit réallouée via la Bad, compte tenu de son expérience pratique et efficace dans le financement du développement en Afrique».
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