Pour avoir été témoin oculaire du décanat historique du Pr Me Abdoulaye Wade en 1972 avant d’être recruté six années plus tard par le professeur Ibrahima Fall en 1978 comme chargé des fonctions de comptable, puis de chef du Service de la comptabilité de la Faculté des sciences juridiques et des sciences économiques, devenue plus tard la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, je pense pouvoir témoigner de toute la charge émotionnelle et toute la grandeur liée à cet événement d’envergure inédite dans sa symbolique qu’a été l’élection avec brio de la professeure Aminata Cissé Niang, première femme portée à la tête de cette prestigieuse fonction de Doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Une tendance fâcheuse et débilement réductrice qui vise la banalisation de l’excellence confinant à la négation de la sacralité de la connaissance, du savoir et des illustres femmes et hommes qui incarnent et dispensent ce savoir dans ce temple de lumière, cette tendance sotte et méchante aura beau jeu de voir dans l’élection d’un Doyen rien de plus qu’un évènement banal. Un fait qui entre dans le cadre des normes qui au demeurant s’inscrivent dans la vie des institutions qui perdurent au-delà du changement des hommes. C’est oublier toute la majesté de tels événements qui inaugurent de grandes choses dont le nouveau va estampiller de son sceau. Qui ne se rappelle une seule fois du magistral décanat des illustres devanciers de la professeure Cissé Niang dont notamment feu le professeur Ibou Diaité, successeur du professeur Ibrahima Fall ? Qui ose perdre de mémoire ce qu’a engendré le travail fait suite à sa nomination à cette fonction de Doyen par le professeur Alassane Kanté, Doyen sortant et successeur du professeur Mamadou Badji ? Celui-là même qui fit un seul mandat dont la durée est de trois (3) ans, à l’inverse de plusieurs autres élus (Ibrahima Fall, Moustapha Sourang, Isaac Yankhoba Ndiaye, Ndiaw Diouf et Mamadou Badji) qui ont fait, au moins, deux mandats, à l’exception de Abdel Kader Boye nommé Recteur durant son mandat. Mais en tout état de cause et sans m’étendre sur les profondes causes qui, davantage, corroborent que dans la vie tout est politique, l’histoire retiendra que le professeur Alassane Kanté, lors de son magistère, a comblé un vide académique en créant un département de Science politique à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. En effet, les hommes, à travers d’actes ou de faits, se distinguent souvent dans des parcours et jurez qu’une Faculté des sciences juridiques et politiques où la Science politique est enseignée sans qu’elle dispose d’un département autonome frise, à la limite, la dignité académique dévolue à cette noble discipline-phare des Sciences sociales actuelles, mais le professeur Alassane Kanté l’a corrigée et pour de bon, cette erreur consubstantielle. Cependant, au-delà de tout ce qui est dit ou écrit, un autre fait historique demeure : quand le professeur Alassane Kanté a pris la ferme décision de ne pas se représenter pour un second mandat, ses pairs ont élu largement madame la professeure Aminata Cissé Niang, ce mercredi 27 juillet 2022, Doyenne de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dès lors, une nouvelle page est ainsi ouverte marquant magistralement, pour une première fois, l’élection d’une professeure Doyenne de ladite faculté depuis la fondation de l’Université de Dakar en 1957, devenue plus tard l’université Cheikh Anta Diop. Une mission difficile si l’on considère le milieu universitaire conçu comme le point de rencontres et le centre de contradictions marquées par de multiples positions ou de points de vue à charge de faire régulièrement objets de débats. Mais la professeure et désormais Doyenne, Aminata Cissé Niang, compte-tenu de son expérience et surtout de la régularité des habitudes du milieu, pourra certainement transcender cette réalité du terrain pour une solution qui serait le fondement de la conduite et de l’intérêt de tous et particulièrement de cette faculté qui nous est très chère. Enfin, l’autre constat fait est que cette élection a été une très bonne nouvelle pour la faculté qui vient d’avoir, pour la première fois, une Doyenne et vivement qu’elle contamine les autres facultés et établissements autonomes qui composent l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Sinon, chère madame la Doyenne, toutes nos sincères félicitations. Que vous accompagnent tous nos vœux de réussite en tout, de succès partout et surtout bonne continuation.
Nalla NDIAYE – Chercheur en Science
politique – Ucad