Avec la reprise décidée par la Flsh des cours en présentiel dès la semaine prochaine, on va vers la réouverture de l’Ucad. Mais, il va rester la sérieuse question de la fermeture du campus social qui va continuer à garder ses portes fermées.

Par Justin GOMIS – Est-ce le début de la fin de la fermeture du campus pédagogique de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar ? Dans un communiqué, le Doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines (Flsh), Alioune Badara Kandji,  informe de la reprise des enseignements en présentiel du second semestre de l’année universitaire 2022-2023 dans son département. L’intervalle retenu pour le démarrage de ces cours est du 3 au 31 janvier 2024. Il y aura des cours qui vont se tenir en dehors du campus pédagogique, notamment dans des sites universitaires extérieurs à l’Ucad.

Le Conseil académique, qui devait se tenir en fin novembre, ne s’est pas encore réuni pour donner la marche à suivre. Mais, le Doyen de la Flsh avait rencontré le Recteur pour une reprise des cours en présentiel. Même le Syndicat autonome pour l’enseignement supérieur (Saes), qui multiplie les actes de protestation contre la fermeture prolongée de l’Ucad, avait demandé aux différents doyens de prendre leurs responsabilités pour permettre aux étudiants de rejoindre les amphithéâtres. Cette décision de la Flsh risque de provoquer un effet domino, car les autres facultés risquent sans doute de s’engouffrer dans la brèche. Sans attendre une quelconque décision du Conseil académique, qui avait opté pour la poursuite des cours en ligne en attendant que la sécurité soit rétablie dans les différents campus.

La Flsh semble être décidée à reprendre ses activités pédagogiques. Il s’y tient d’ailleurs depuis deux semaines, les examens de fin de premier semestre au niveau de certains départements, mais il s’est révélé beaucoup de couacs. «C’est l’Assemblée de Faculté qui a pris la mesure, mais cela encore risque d’être compliqué. Il y a eu beaucoup d’étudiants qui ont raté les examens pare qu’ils n’ont pas de famille d’accueil à Dakar», expose Alla Kane, président de l’Amicale des étudiants de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Ucad. Préalablement à toute réouverture, le Coud devait assurer la mise en place d’un dispositif «capable d’assurer la sécurité des personnes, des biens et des infrastructures, assainir sérieusement les conditions d’accès et d’hébergement des étudiants». Et la situation n’a pas changé, ce qui risque de remettre en cause toute décision de reprise en présentiel avec la fermeture des chambres et des restaurants universitaires. Car le délai de deux mois, pour mettre aux normes sécuritaires le campus social avec des portes biométriques, est épuisé depuis le 20 décembre. Le Conseil d’administration du Coud, qui s’est tenu ce mardi, a éludé la question de la réouverture du campus. Il a été surtout question de la validation du budget 2023-2024. «Sans le campus social, cela ne va pas être facile. Il faut rouvrir le campus, mais les autorités ne semblent être dans cette perspective», alerte M. Kane.

Il faut rappeler que l’Ucad, qui a subi la furie des manifestants suite à la condamnation du leader du parti dissous Pastef, Ousmane Sonko, dans l’affaire Sweet Beauté, est fermée depuis le mois de juin. Pour les étudiants, il est impensable de rouvrir le campus pédagogique sans le campus social. Le Collectif des amicales de l’université réclame ainsi la réouverture des campus social et pédagogique pour que les étudiants puissent travailler dans de bonnes conditions.

Si les autorités académiques expliquent la non-effectivité de la réouverture du campus par les saccages de certaines infrastructures de l’université, cet argument ne semble pas convaincre le Saes. Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes), lors de sa conférence de presse tenue le 12 octobre dernier, avait déploré le fait que «tous les efforts consentis par les enseignants-chercheurs pour un retour à un calendrier académique normal ont été anéantis par les fermetures intempestives et continues des universités publiques au gré du calendrier électoral». Dans la même veine, le Secrétaire général dudit syndicat avait réclamé la réouverture immédiate de toutes les universités, tout en soutenant qu’à l’Ucad, «les enseignants sont prêts pour la reprise et l’essentiel des facultés sont à même de reprendre». Le campus social sera-t-il aux normes dans quelques jours pour accompagner le démarrage des cours en présentiel ? C’est la grande question.
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