Ucad – Trouver un logement hors du campus : L’autre écueil à la reprise des enseignements

Les étudiants sont partagés entre le marteau de la reprise des cours et l’enclume de trouver un logement. Après la fermeture de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) en juin dernier, pas mal d’amicales locales ont été contraintes de résilier le contrat qui les liait aux propriétaires des maisons, ou elles ont été tout simplement expulsées à cause des arriérés impayés. Les cours reprennent à partir de ce mercredi et les étudiants ne cessent de se poser des questions
Par Alpha SYLLA – Le logement des étudiants constitue également un autre véritable casse-tête pour les autorités universitaires et les responsables d’amicales d’étudiants. Face à la reprise annoncée des cours, sans l’ouverture du campus social, la situation risque de se compliquer davantage. La réouverture du campus social, qui casait un nombre important d’étudiants, n’est toujours pas à l’ordre du jour. Ce qui met beaucoup d’étudiants dans une situation de sans-abris.
Le logement, pilier important de l’épanouissement de l’étudiant, constitue en effet, le principal obstacle à cette rentrée. Les étudiants, n’ayant pas de famille d’accueil à Dakar, risquent d’avoir tous les problèmes du monde pour suivre les enseignements. «Beaucoup d’étudiants sont inquiets par rapport à cette reprise, sans l’ouverture du campus social. Certains m’appellent et me disent qu’ils ne pourront pas suivre les cours s’ils n’ont pas où se loger», dit Mohamed Bèye, président de la commission sociale de l’amicale des élèves et étudiants ressortissants de la commune de Keur Samba Guèye (département de Foundiougne).
Cet étudiant avait exposé le problème et alerté l’opinion, depuis plusieurs mois, en tenant des points de presse à la suite de la perte de leur appartement situé à la Médina. En vain. Stoïque, il espère trouver, avec son équipe, un appartement avant la reprise des enseignements. « Cela fait deux ans maintenant qu’on n’a pas reçu de subventions. C’est peut-être dû à des problèmes politiques. Jusqu’à présent, on n’arrive pas à trouver un logement. On va continuer à aller dans les médias pour dire aux Sénégalais que si les cours reprennent, beaucoup d’étudiants du département de Foundiougne ne pourront pas être présents», informe Mohamed Bèye.
Logement introuvable et inaccessible
Les étudiants de la commune de Keur Samba Guèye ne sont les seuls à se retrouver dans cette situation. Nombre d’amicales locales ont perdu leurs logements après la fermeture de l’université à la suite des évènements de juin dernier. C’est le cas de l’Union des étudiants de la commune de Vélingara (Udecv) qui a été contrainte de céder son second local, faute de ressources. Les étudiants de ces deux amicales susmentionnées courent depuis plusieurs mois après les autorités pour obtenir une subvention. Mamoudou Diallo, président de l’Udecv, dit avoir tenté tous les voies et moyens pour obtenir des fonds, mais en vain. «Nous avons perdu notre logement à Fass. Le problème avec cet appartement, c’est qu’il était sans bailleur. Ou disons qu’il était entièrement pris en charge grâce à une participation à hauteur de 5000 F Cfa par étudiant», explique Mamoudou Diallo. Après la fermeture de l’Ucad, beaucoup d’étudiants ont cessé de contribuer. Résultat : «Nous avons cumulé des arriérés que les autorités de Vélingara ont refusé de payer. J’étais donc obligé de libérer l’appartement vu que le bailleur nous avait assignés en Justice», ajoute-t-il. Non sans préciser que tous les étudiants de Vélingara ne pourront pas habiter dans l’unique local dont dispose, en ce moment, l’amicale.
A Moins d’une semaine de la reprise des cours pour certaines facultés, beaucoup d’amicales peinent à trouver un toit convenable et bon marché. Selon les confidences de certains pensionnaires de l’Ucad, les propriétaires de maisons sont réticents à l’idée de loger les étudiants, souvent nombreux et perçus comme des voisins encombrants.
D’autres pointent du doigt la cherté du loyer à proximité de l’Ucad. La demande étant supérieure à l’offre, trouver un local est devenu très difficile. «Nous n’avons pas encore trouvé un appartement et nous sommes sous pression. Actuellement, les courtiers nous parlent de trois cent mille francs (300 000) Cfa la mensualité. Au regard du budget dont nous disposons, nous ne pouvons prendre un tel engagement et vouloir y rester toute l’année. C’est impossible», confie Zakaria Diallo, président de l’amicale communale des élèves et des étudiants de Sinthiang Koundara.
M. Diallo n’exclut pas l’idée de trouver un appartement dans les quartiers de Grand-Dakar ou Sacré-Cœur pour permettre à ses camarades de se caser et pouvoir aborder le second semestre. «Le problème majeur qui se pose, c’est qu’on n’a pas de bailleur. La mairie constitue notre seule ressource. Il y a beaucoup de structures qui, aujourd’hui, parviennent même à se doter d’un appartement avec une caution de 12 mois. C’est l’exemple de la commune de Médina Gounass. Les contributions financières des étudiants pendant ces douze mois permettront de réunir une grande somme et préparer l’année suivante», conclut Zakaria. Non sans lancer un appel aux bonnes volontés pour aider les apprenants à se loger. En attendant d’avoir un bailleur, une contribution financière suffisante pour assurer le loyer ou l’ouverture du campus social, les étudiants restent partagés entre soulagement lié à la reprise des cours et inquiétudes face au problème de logement.
1 Comments
Parlons même pas de tout ça pour le moment ! Beaucoup d’étudiants, en étant « hébergés » au sein du Campus social où la mobilité est sans frais et où la consommation journalière ne surpasse pas généralement les 250 Fcfa, ont parfois même du mal à se tenir dans une telle situation. La reprise des cours sans l’ouverture du Campus social n’est qu’un désir du gouvernement de sacrifier l’avenir de milliers de jeunes. Tout est chèr à la capitale, le logement, la nourriture … et pir, avec les problèmes d’embouteillage et de pollution sonore, certains se retrouveront dans une situation de ne pas pouvoir se donner à fond dans leurs études. Or, nous savons tous que le semestre est tellement court.