L’accès aux services financiers au sein de l’Uemoa, s’améliore. Le taux d’inclusion financière est ressorti à 57,1 % à fin 2018, contre 47% en 2016, soit une augmentation de plus de 10 points de pourcentage, selon le Gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Ces avancées, explique Thiémoko Meyliet Koné, «sont portées essentiellement, par la contribution des services financiers via la téléphonie mobile dont le taux d’utilisation ressort à 34% en 2018. Cet apport de la monnaie électronique s’est traduit dans l’Uemoa par une augmentation du nombre de comptes de monnaie électronique ouverts, qui s’est situé à plus de 62,9 millions en 2018 contre 18,2 millions en 2014. Le nombre de transactions, quant à lui, est passé de 0,3 milliard en 2014 à 1,9 milliard en 2018, soit en valeur monétaire, de 3 760 milliards de francs Cfa à 23 534 milliards de francs Cfa».
L’autorité de l’institut d’émission coprésidait hier, avec le ministre des Finances et du budget, l’ouverture de la 2e édition de la Semaine nationale de l’inclusion financière, qui a pour thème : «La digitalisation au service de l’inclusion financière : enjeux pour le secteur financier et les Etats membres de l’Uemoa.»
Au Sénégal, des avancées y ont été également notées. D’après Abdoulaye Daouda Diallo, la contribution de ces services à l’inclusion financière ressort à 29,2% en 2018 pour un taux global d’inclusion financière de 67%. S’agissant du nombre de comptes de monnaie électronique ouverts en 2018, il se chiffre «à 7,1 millions pour 298,8 millions de transactions à la même période, soit, en valeur monétaire, 2 719 milliards de francs Cfa».
Le ministre sénégalais des Finances et du budget estime que tous ces progrès «ont été rendus possibles, grâce aux nombreuses initiatives entreprises par la Bceao et les Etats pour moderniser le cadre réglementaire ainsi que les infrastructures de paiement».
A ce titre, a-t-il salué l’accompagnement, depuis 2012, de l’Institut d’émission dans le processus de digitalisation des paiements des administrations publiques. Pour lui, «ces différentes initiatives ont créé les conditions favorables à l’utilisation des nouveaux moyens de paiement par les administrations publi­ques, les entreprises, les grands facturiers et les populations initialement non bancarisées».
Le Gouverneur ajoute qu’une «étude réalisée par la Banque mondiale en 2019 sur le niveau de digitalisation des paiements des Etats de l’Uemoa, a aussi mis en exergue la contribution potentielle de la numérisation des paiements au renforcement de l’inclusion financière et à l’accroissement du produit intérieur brut».

Des défis à relever
Malgré toutes ces actions mises en œuvre dans l’Union pour favoriser la digitalisation des paiements, des défis demeurent.
Le premier est, d’après M. Koné, «celui du renforcement de la supervision des activités et des acteurs, au regard notamment de la forte composante technologique des nouvelles solutions de paiements offertes aux populations. Le deuxième défi concerne l’adaptation continue du cadre réglementaire aux évolutions constantes de l’environnement, dans le but de préserver la stabilité du système financier et d’assurer la protection des usagers. La lutte contre la cybercriminalité, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme constituent le troisième défi que j’aimerais souligner. Au regard des statistiques issues du rapport sur les risques du Forum économique mondial de 2019, il apparaît que les cyberattaques ainsi que les vols et fraudes des données occupent respectivement les troisième et quatrième places du ‘’Top 5’’ des risques.
Le quatrième défi a trait au renforcement de l’éducation financière de toutes les couches de la population, notamment celles qui sont vulnérables, en vue d’améliorer leur culture financière. Cela leur permettrait de faire des choix avertis et de mieux tirer profit des effets des innovations technologiques sur la réduction des coûts des services offerts».
Les différents thèmes qui seront abordés au cours de ces cinq jours devraient offrir aux décideurs politiques, directeurs généraux de banques et autres institutions financières, aux chercheurs, universitaires, aux acteurs de la Société civile… des huit Etats de l’Uemoa, l’occasion d’échanger sur les avancées et les enjeux du numérique et de trouver des solutions aux défis pour les institutions financières, les Etats et les populations.