Les agressions sexuelles n’ont pas disparu avec le vote de la loi criminalisant le viol et la pédophilie. Face à cette situation, le ministère de la Justice de sensibiliser les populations sur la question afin de mettre fin à ce fléau.

Par Justin GOMIS – La loi criminalisant les actes de viol et de pédophilie n’a pas découragé les délinquants sexuels, car les cas d’agressions sexuelles continuent à être rendus publics. «Les statistiques que nous avons reçues ces derniers jours, de certaines de nos juridictions, révèlent que les agressions sexuelles sont toujours monnaie courante, même si on note que des agressions suivies de meurtres ces derniers temps ont légèrement diminué», dévoile Mme Aïcha Gassama Tall. La Secrétaire générale du ministère de la Justice détaille les différents cas de viol, qui ont occupé les audiences des cours et tribunaux ces derniers mois : «Durant la période suivant l’adoption de la loi, il a été noté 26 cas de viol et de pédophilie au Tribunal de grande instance de Mbour, 47 au niveau du Tribunal de grande instance de Diourbel et 52 au Tribunal de grande instance de Thiès.» Acca­blant, le constat doit pousser les citoyens à ne pas baisser la garde. Au regard de ces chiffres, dit-elle, «la mobilisation doit-être maintenue et la dénonciation doit constituer l’un des moyens les plus importants pour démasquer les auteurs, engager des poursuites et espérer des condamnations, sans quoi nos enfants, nos filles et nos sœurs demeureront toujours exposés aux risques d’une agression sexuelle».

Plus de 115 cas de viol enrôlés par les tribunaux en 2020
Lors d’une rencontre tenue dans la commune de Dieuppeul-Derklé, l’intervention des «badienou Gokh», des imams et des femmes sera capitale. Car selon la Secrétaire générale du ministère de la Justice, «il y a des Sénégalais qui ne connaissent pas le contenu de cette loi. Les victimes d’agressions sexuelles ne connaissent pas ce qu’elles doivent faire lorsqu’il y a atteinte à leur intégrité physique». L’ex-agent judicaire de l’Etat enchaîne : «Les auteurs de ces viols doivent aussi savoir ce qui les attend. Maintenant le viol est criminalisé et les peines peuvent aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité. Ils doivent savoir ce qui les attend lorsqu’ils commettent ces faits. Il est important que les populations s’approprient ces lois et les relais locaux fassent le travail de sensibilisation auprès de toutes les populations.» Un pari pour inverser la courbe des viols et éradiquer les violences sexuelles.
Pour rappel, le contexte douloureux marqué au mois de mai 2019 par les morts tragiques de Coumba Yade, violée et tuée à Thiès, de Binta Camara victime de tentative de viol suivie de  meurtre à Tambacounda et d’une dame non identifiée trouvée nue après avoir été violée et assassinée, avait provoqué l’ire des populations. Il avait en même temps fini de convaincre le chef de l’Etat de la nécessité de faire voter une loi pour renforcer les sanctions contre le viol et la  pédophilie, qui a été votée très rapidement par l’Assemblée nationale au grand soulagement des défenseurs des droits des femmes. Malgré les pressions judiciaires dictées par la criminalisation, les femmes continuent à subir des agressions sexuelles.
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