Les universitaires cherchent un équilibre entre la protection de la vie privée des individus et la facilitation de l’accès et du partage des données. Par Justin GOMIS –

«Régulation des données à caractère personnel au Sénégal et économie numérique, enjeux et perspectives.» C’est le thème choisi par le Max Plan recherche Group de l’université numérique Cheikh Hamidou Kane sur les questions de la régulation pour réfléchir sur les données à caractère personnel et sur les données de façon générale. Cette 2e édition cherche à savoir comment faire pour mettre en place un système cohérent, global qui prend en charge la question des données dans toutes leurs dimensions, afin de permettre à l’économie africaine, particulièrement celle sénégalaise, à se développer dans des secteurs-clés comme le service financier et l’agriculture.

Ainsi, dans le cadre de ses recherches, l’université numérique Cheikh Hamidou Kane, a comme objectif «de voir comment nous pouvons mettre à profit toute cette manne qui met en relation l’économie avec la nécessité de protéger les personnes sur la question de la vie privée», a indiqué Pr Jean-Louis Corréa.
Tout est parti du constat sur le développement fulgurant de l’économie numérique avec des startups, des businessmen qui créent des solutions innovantes dans divers secteurs, a dit Mor Bakhoum, enseignant-chercheur à l’université numérique Cheikh Hamidou Kane, directeur par intérim de l’Ecole doctorale et coordonnateur du Max Plan Partner Group de l’université numérique Cheikh Ha­midou Kane. «En Afrique par exemple, le secteur de l’agriculture, avec des business models qui sont développés dans le secteur également financier et qui facilitent les transferts d’argent, on a constaté que ces business models sont basés sur la collecte, le traitement et le partage de données à caractère personnel», a-t-il expliqué.

A l’en croire, il a été noté sur le plan législatif, une fragmentation des dispositions qui sont applicables. Et c’est ce qui a suscité la réflexion sur le temps réglementaire sur la question de savoir si le cadre est idoine pour développer ces business models. «L’idée, c’est de réfléchir dans une dynamique de mise en cohérence de toutes les dispositions législatives et politiques qui peuvent avoir un impact direct et indirect dans le développement de ces solutions innovantes dans le domaine de l’agriculture et le secteur financier», a dit Dr Mor Bakhoum.

Puisque le développement agricole et le secteur financier touchent les données à caractère personnel, il est important alors pour eux de voir «comment trouver un équilibre entre protéger la vie privée des individus qui est très importante, mais également de faire en sorte que l’accès et le partage des données soient facilités, et la conformité ne soit pas un lourd fardeau pour faire un business model», a-t-il ajouté.

Pour le directeur par intérim de l’Ecole doctorale à l’université numérique Cheikh Hamidou Kane, c’est cet équilibre qu’il faut trouver en termes de régulation. D’où l’importance d’avoir un cadre réglementaire qui facilite les entreprises qui développent ces solutions à accéder aux données. «Ce débat est très actuel parce qu’on est dans une dynamique de l’optique de révision de la loi de 2008 sur les données à caractère personnel. Cette question doit être prise en charge par le législateur et faire en sorte que la vie privée soit protégée, les individus soient protégés. Mais également l’innovation, la création du business model soit un facteur-clé. C’est un facteur de développement de l’économie numérique», a-t-il précisé. C’est une démarche qui vise à permettre aux Africains en général et aux Sénégalais en particulier d’avoir leur mot à dire sur cette régulation des données.
justin@lequotidien.sn