Il m’arrive d’entendre dire que nul n’a le droit d’ignorer la loi. Mais comment veut-on qu’il en soit ainsi si la loi est écrite et alors que ce n’est pas tout le monde partout au Sénégal qui sait lire ou qui a accès à un réseau de communication (radio, télévision, internet…) ?

Cette maxime me gêne. Je serais plutôt mieux à l’aise d’entendre que nul n’a le droit d’ignorer que le pays a ses lois ou que le pays est un pays de Droit. Encore que ceci peut être discutable.

Pour moi, la nouvelle Assemblée nationale du Séné­gal devra être une Assemblée réconciliée avec le Peuple qui l’a élue, le député un député réconcilié avec les populations de son département et de sa région, du pôle de développement auquel il appartient.

Un tel député ?
C’est certes un député qui vote les lois en toute impartialité, en toute responsabilité républicaine, qui contrôle l’action du gouvernement sans état d’âme et en respect des lois et règlements du pays ; mais ce devra être un député qui informe régulièrement ses mandants, qui les forme à certains aspects de la législation, à certaines dispositions de la Constitution, etc.

Je rêve d’une nouvelle Assemblée qui votera une loi pour donner une orientation nouvelle à la mission du député : faire suivre chaque session parlementaire par une tournée à l’intérieur du pays -chaque député à travers son département d’origine ou les députés de la même région à travers leur région- pour expliquer aux populations les grandes décisions issues de la session parlementaire, pour leur expliquer les tenants et les aboutissants de toute loi venant d’être votée, etc., etc. Ceci est une raison pour :
1. Doter le Parlement d’un pool d’assistants juridiques multilingues qui feront périodiquement face aux députés organisés en groupes de formation ou de renforcement de capacités, afin de mieux éclairer leur lanterne sur des sujets modulaires bien choisis par un organe de l’Assemblée (Bureau, Commis­sion, Intercommission, etc.) ;

2. Equiper chaque député d’un véhicule de fonction et le doter d’un chauffeur ;
3. Confier le contrôle de l’action des députés à la base à un corps de contrôle ou de vérification, pour les pousser à effectivement et efficacement mener cette action : les députés sont en effet tenus d’organiser ces tournées de restitution ou de partage jusque dans les sous-zones des communes et le vorps de contrôle de vérifier si réellement le travail est fait et bien fait ;
4. Caler les tournées de ces députés dans une période bien déterminée (à respecter) : cette prérogative revient au Bureau de l’Assemblée, à la fin de toute session.

D’où donc un nouveau type de député utile à la Nation, qui mérite d’avoir été élu et qui mérite son salaire. Si cette loi renforçant le rôle de l’élu est votée, ce sera véritablement un pas pour réconcilier les Sénégalais entre eux et avec l’Assemblée.

Je rêve aussi d’une Assem­blée qui prête davantage attention à l’intégration de manière générale, à la diplomatie des peuples en particulier. Dans ce sens, une loi portant accompagnement des initiatives locales de bon voisinage, de cohésion transfrontalière, de paix et de sécurité, de développement économique dans les zones transfrontalières, sera la bienvenue.

A mon nom propre et au nom de l’Alliance sénégalo-guinéenne pour la paix et l’intégration, j’adresse mes vives félicitations au Peuple sénégalais, au président de la République et à son Premier ministre, ainsi qu’aux nouveaux députés.
Daouda DIEDHIOU
Président de l’Alliance Sénégalo-Guinéenne pour la Paix et l’Intégration