Le Président Macky Sall a annoncé, vendredi dernier, une concertation nationale, au courant du mois de mai 2018, sur la gestion et l’utilisation des ressources qui seront tirées de l’exploitation des hydrocarbures au Sénégal. Les découvertes d’hydrocarbures au Sénégal et les opportunités qu’elles peuvent garantir à notre pays, ont été souvent au centre de l’actualité ces dernières années. La question des contrats, le modèle de partenariat entre les compagnies pétrolières et l’Etat du Sénégal, la stratégie nationale du pays quant à l’exploitation des ressources, ont suscité de nombreux débats. La tenue d’une concertation nationale sur l’utilisation des ressources et des retombées de l’aventure pétrolière et gazière du Sénégal, donne une opportunité, dans un secteur nouveau dans notre pays, de cerner au mieux les enjeux, de proposer des orientations et des mesures à même d’assurer une profitabilité pour le pays. La concertation nationale à laquelle convie le chef de l’Etat est un moment pour toutes les voix de se faire entendre, dans un élan constructif. Un appel est lancé aux acteurs du pouvoir, de l’opposition politique, de la Société civile et aux opérateurs économiques pour des propositions, des discussions, des ententes, afin de prendre au mieux le virage qui fera du Sénégal un pays producteur de pétrole et de gaz.
Le but des concertations est d’aboutir à la présentation d’une loi sur les modes de répartition des revenus de l’exploitation du pétrole et du gaz. Cette loi devra permettre d’encadrer la gestion des retombées d’une ressource commune à tous nos concitoyens et d’impulser un essor dans bien des secteurs, une consolidation de différents pans de notre économie, une amélioration de l’offre de services, notamment dans des domaines vitaux tels que la santé, les infrastructures et l’éducation. Ainsi, cet appel dépasse tous les agendas personnels, les rivalités et tous les opportunismes. Un rendez-vous face à l’histoire de notre pays est donné. C’est par des discussions, des propositions mettant, au-dessus de tout, l’intérêt supérieur des populations sénégalaises, que les meilleures des législations pour encadrer la gestion des ressources que garantiront les hydrocarbures au Sénégal, pourront être prises. Le gouvernement a un projet de nouveau code organisant les activités liées au pétrole et au gaz. Qu’est-ce qu’il y a de plus opportun, avant son examen devant le Parlement, que toutes les couches de la Nation soient appelées à s’en imprégner et surtout à faire des suggestions et autres propositions pour le parfaire ? Les acteurs politiques ont l’occasion de se prononcer de façon concrète sur une question qui sera intimement liée à la marche de l’Etat du Sénégal. Le gouvernement du Sénégal se voit une obligation d’encadrer un processus qui permettra de prémunir l’exploitation pétrolière et gazière au Sénégal de toutes velléités de gabegie. Les exemples de gestion scandaleuse et irresponsable de ressources naturelles, ayant fini d’affecter la marche et la stabilité de pays, sont nombreux en Afrique et dans le monde. Dans une chronique intitulée «Viatiques pour une nouvelle économie», en date du 1er février 2016, nous évoquions la nécessité pour le Sénégal d’opérer un virage pétrolier avec des mesures rigoureuses et une organisation des institutions et politiques publiques dans le dessein de rendre au mieux profitable l’exploitation des hydrocarbures pour le Sénégal. Le but est d’éviter tout faux-départ et d’éradiquer tout signe avant-coureur d’une malédiction des ressources naturelles. Nous appelions à des discussions inclusives pour que tous les secteurs de la Nation participent à la réflexion pour permettre au Sénégal d’éviter les erreurs de nombreux autres pays qui n’avaient pas su tirer un grand profit de leurs ressources en hydrocarbures.
Un refus grégaire
La concertation nationale est donc une belle occasion pour se prononcer de façon cohérente. Des opérateurs économiques nationaux se disant oubliés par le train des hydrocarbures, aux acteurs de la Société civile en passant par les experts du secteur, le cadre est prêté pour que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice. La classe politique, qui a fait de la question du pétrole et du gaz le principal enjeu du débat politique, trouve, en cet appel à la concertation lancé par le Président Macky Sall, une belle opportunité pour faire prendre en compte ses préoccupations. Aucun baril de pétrole ou aucun mètre cube de gaz n’est encore vendu ! Ce serait le moment et le lieu pour dire, à la face du monde, ce que l’opposition aurait trouvé d’inconvenable dans la façon dont les contrats pétroliers et gaziers ont été conclus. En effet, si tant est que les accusations de l’opposition portant sur des initiatives prévaricatrices sont avérées, la concertation nationale offrira une belle tribune pour les mettre à nu et confondre les indélicats. La concertation devra se faire devant toutes les couches de la Nation, devant les caméras des télévisions et on peut augurer que tout le monde devra pouvoir s’exprimer librement à l’occasion. Autrement, le public verra les ostracismes et sans doute ce que le gouvernement chercherait à cacher. On ne peut pas, comme l’ont déjà fait Abdoul Mbaye de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (Act) et Ousmane Sonko de Pastef, se fendre de déclarations pour refuser d’aller à cette invitation du chef de l’Etat sous prétexte que tout ce qui pouvait être discuté a déjà fini d’être scellé. Comme si une dynamique d’une volonté nationale issue des concertations ne pourrait pas obliger le gouvernement à rectifier le tir, si cela s’avérerait nécessaire ! Refuser d’aller à la concertation et continuer de vociférer, apparait incohérent et surtout grégaire. Il faut aller sortir ses arguments et ses preuves mais on ne devrait pas prendre en haleine toute une Nation par le biais de diatribes, invectives et d’accusations, sans en fournir le moindre élément de preuve. De toute façon, l’exploitation optimale du pétrole et du gaz ne trouvera pas un Macky Sall au pouvoir et donc ne devrait pas lui profiter directement. Il s’agira alors de discuter de comment mettre le pays en orbite pour les prochaines cinquante ou cent années. C’est plus qu’une question de mandat présidentiel ! Mieux, cela transcende même la génération de Macky Sall. Et puis, il apparaît absurde que l’opposition continue de reprocher au régime de Macky Sall une absence de dialogue et de concertation sur les questions essentielles de la vie de la Nation et à chaque fois que les responsables de l’opposition sont conviés à un dialogue, ils trouvent des alibis pour ne pas répondre. On semble voir derrière tout appel au dialogue ou à la discussion une combine, une ruse. Justement, Messieurs, allez-y et montrez bien que cela procède de ce que vous subodorez ! Les Sénégalais sont aussi dotés de raison et libre arbitre que vous autres ! En outre, Macky Sall serait-il le pire chef d’Etat au monde, que l’avenir du Sénégal devrait être un impératif sur tous les ego pour que tout le monde accepte d’en discuter devant les yeux de toute la Nation. La précipitation avec laquelle certains leaders de l’opposition ont réagi pour opposer une fin de non-recevoir à l’invitation du chef de l’Etat, renseigne à suffisance, sur leur état d’esprit. Ils ont répondu «niet», sitôt que l’invitation est sortie de la bouche de Macky Sall. Certains n’ont même pas eu besoin de consulter leurs camarades de parti.
Dans un ouvrage paru récemment, un géologue sénégalais, Fary Ndao, fait des propositions intéressantes quant à la gestion des hydrocarbures au Sénégal. Parmi les propositions dans «L’or noir du Sénégal», la création d’une redevance sociale et écologique ainsi que le placement d’une partie des revenus pétroliers dans certaines agences d’Etat pour assurer des investissements pour les générations futures sont notés entre autres. C’est dans une telle dynamique que tous nos concitoyens sont attendus.
Les Emirats Arabes Unis ont célébré le week-end dernier l’année de Zayed, en hommage à la mémoire du père fondateur, Sheikh Zayed ben Sultan Al Nahyane, au centenaire de sa naissance. L’histoire et le progrès des Emirats Arabes Unis ont les hydrocarbures comme encre mais aussi l’audace d’hommes et la quête du mieux-être pour le pays. A nous d’écrire la nôtre.