Un parfum de Bandoeng

Il est vrai qu’aujourd’hui, parler de Bandoeng renvoie à une époque, notre histoire contemporaine, notamment celle de la période d’avant nos indépendances. Ce qui s’est passé la semaine dernière à New York au sujet du conflit entre l’Otan et la Russie (c’est bien de cela dont il s’agit), révèle, à n’en pas douter, le souvenir retentissant de l’époque où l’Afrique et l’Asie, réunies à la conférence de Bandoeng, avaient marqué leur entrée en scène sur l’échiquier international au nom des pays décolonisés, sous la houlette de Nasser, Nehru, Chou En Lai et Soekarno. Par une position extrêmement courageuse, ceux-ci avaient exprimé en 1955, le souhait de ne pas intégrer les deux blocs qui se faisaient face, à savoir d’une part les Etats-Unis et de l’autre, l’Urss. Ils avaient décidé souverainement et en tout honneur, de tracer à grands traits les contours de la doctrine du non-alignement.
Ce mercredi 2 mars 2022 marque, en effet, un tournant qu’il faut situer à sa juste place, et c’est bien le sens qu’il faut donner aux résultats du vote de la résolution de l’Ag de l’Onu par 193 Etats qui, faut-il le rappeler, n’est pas contraignante.
C’est précisément la position de l’Afrique et surtout celle de notre pays qui assure la présidence de l’Union africaine, et l’initiative du Président Macky Sall d’entrer en contact avec le Président Vladimir Poutine désigné infréquentable par les puissances occidentales et mis au ban de la communauté internationale, qui méritent d’être salués. La voie du dialogue est la seule apte à faire sortir le monde de cette ambiance lourde de danger, non seulement pour les protagonistes, mais aussi pour tous les autres sujets de Droit international.
Nos pays ont des intérêts à défendre et ces intérêts ne peuvent prospérer dans un contexte de conflit où les représailles et mesures de rétorsion n’auront d’autre finalité que de déstabiliser nos pays encore à la recherche des équilibres sociaux durement acquis.
Si Bandoeng avait préfiguré et montré les signes annonciateurs des indépendances, la position actuelle des 35 pays qui ont voté l’abstention, dont la Chine et les 12 autres qui n’ont pas pris part au vote contre la Russie, auxquels s’ajoutent les 5 pays ayant voté contre, parmi lesquels l’Ethiopie, la Corée du Nord, on peut se dire qu’il y a effectivement un mouvement qui est enclenché. Sommes-nous en mesure d’apprécier l’amplitude au niveau des relations Nord/Sud dans un environnement de plus en plus multipolaire, multilatéral ? L’avenir nous le dira.
Mamadou NDAO
Liberté 6
Dakar