L’investiture de Joe Biden a permis pour beaucoup de découvrir la jeune poétesse afro-américaine Amanda Gorman, 22 ans, avec son poème The Hill We Climb («La Colline que nous gravissons»). Son œuvre sera même traduite prochainement en français. Du côté des Pays-Bas, c’est une écrivaine blanche, Marieke Lucas Rijneveld (International Booker Prize pour son tout premier roman, publié en français chez Buchet/Chastel sous le titre Qui sème le vent, dans la traduction de Daniel Cunin) qui avait été choisie par la maison d’édition Meulenhoff pour mener cette tâche à bien, rapportent The Guardian et le média canadien La Presse. Une décision qui a fait polémique : pour certains, ce n’est pas à une personne blanche de traduire les écrits d’Amanda Gorman. Une tribune de la journaliste néerlandaise Janice Deul a donné du grain à moudre aux détracteurs du choix de la maison d’édition. Elle a écrit, le 25 février, qu’il valait mieux confier cette traduction à «un artiste, qui, tout comme Gorman, vienne du spokenword [poésie parlée, slam, Ndlr], soit jeune, femme et résolument noire» pour conserver toute la puissance du message véhiculé par Amanda Gorman. Marieke Lucas Rijneveld, c’est «un choix incompréhensible, à mon avis et à celui de beaucoup d’autres qui ont exprimé leur douleur, leur frustration, leur colère et leur déception via les réseaux sociaux», ajoutait Janice Deul.

Le retrait de Marieke Lucas Rijneveld
La polémique ne redescendant pas, la maison d’édition Meulenhoff a tenté de défendre sa volonté, déclarant : «Le fait qu’Amanda Gorman et son équipe aient immédiatement répondu positivement à notre proposition nous a confirmé que nous avions trouvé la traductrice idéale en Marieke Lucas Rijneveld.» Cette dernière «est attachée aux questions de l’égalité des sexes et de la résilience, et nous reconnaissons en elle la passion et la lutte pour une société inclusive». Au final, c’est Marieke Lucas Rijneveld elle-même qui a décidé de jeter l’éponge, le 26 février. «Je suis choquée par le tollé entourant mon implication dans la diffusion du message d’Amanda Gorman et je comprends les gens qui se sentent blessés par le choix de Meulenhoff », a fait savoir l’autrice de 29 ans. La maison d’édition s’est mise en quête d’une autre équipe.
Le Point