«Ce que j’ai cherché toute ma vie, c’est à comprendre le mystère de la nature humaine.»  - Léonard de Vinci
La philosophie n’était pas jadis ma tasse de thé. Quand bien même, en rat de bibliothèque, la quête du savoir demeure une constante. On essaie de mieux comprendre les choses. Paradoxalement plus on apprend plus on se rend compte de notre parfaite ignorance. Toutefois, le jeu en vaut la chandelle. On continue toujours notre quête. Et dans cette quête j’ai rencontré Medita­tions de Marcus Aurelius (Marc Aurèle en français), ancien grand empereur, philosophe, stoïcien et philosophe romain.
Après avoir survolé le livre, j’ai noté quelques points importants qui méritent une réflexion. Pour chaque point, j’y vais de mon commentaire personnel.

Ignorer ce qui se passe dans la tête des gens
L’être humain est un animal social, un être souvent à la quête d’approbation. Chose qui est très normale pour des êtres normaux entre guillemets. Quant à celui qui n’a cure de ce que pensent les autres, qui n’a pas de ressentiment et fait tout ce qui lui plaît est considéré comme psychopathe. C’est la raison pour laquelle lorsque l’on est rejeté par la société, on le sens jusque dans notre chair. C’est très dur à encaisser. Cela provoque entre autres la dépression et l’anxiété.
Cependant si on ne vit que dans la tête des autres, on ne vit qu’à moitié. On devient prisonnier des autres. Les autres nous dictent la conduite à adopter. Toutes nos actions seront basées sur le qu’en dira-t-on. Même notre identité va en pâtir. Ainsi je ne suis pas ce que je pense être mais plutôt ce que je pense que les autres pensent que je suis. Donc je vis par rapport à la perception des autres.
Comme toute chose il y a le juste milieu ; l’équilibre nécessaire. Ce qui est important c’est de trouver ce que l’on valorise, nos principes. De ce fait, partant des valeurs et principes, on fera toujours ce que l’on pense être juste peu importe ce qui se passe dans la tête des autres. Parce qu’à la fin de la journée on ne peut pas plaire à tout le monde.

Tout n’est que répétition
La vie n’est que répétition. Ce que tu vis actuellement, quelqu’un d’autre l’a vécu il y a une décennie ou un siècle. Ce n’est pas la première fois que ça arrive. Donc tu n’es pas spécial au point de vivre quelque chose d’unique. Ne dit-on pas que tout a été dit. Je dirais de la même façon que tout s’est déjà produit.
C’est déjà arrivé, cela arrivera à quelqu’un d’autre beaucoup plus important que toi et la vie continue. Tu fais juste partie de la liste. Une fois cette idée en tête, on prend les choses de manière plus légère en fait. Donc le refrain «pourquoi moi ?» ne passera plus en boucle. Après tout, la vie suit son cours.

La vie n’est que perception
Dans la vie, chacun y va de sa propre perception. La manière dont on voit les choses forge en quelque sorte notre réalité voire même notre identité. Mais plus on avance dans la vie et plus on se rend compte que tout n’est que perception. Il y a même une illustration qui le démontre parfaitement. Un chiffre est dessiné au sol. Deux personnes sont debout chacun sur une extrémité du chiffre. L’un dit que c’est un 6 et l’autre dit que c’est un 9. Qui a raison et qui a tort ? Personne je dirais. Chacun parlait par rapport à son niveau et à sa position. Cela nous amène à dire que tout est relatif. Par conséquent une ouverture d’esprit et, passez-moi le mot, une flexibilité s’imposent.
Pour divaguer un peu, on a tendance à juger les personnes facilement en conséquence. Et ce jugement est souvent basé sur une simple perception qu’on a de la chose. Qui plus est, la nôtre est très différente des autres. Un adage wolof le dit bien «ki gay naane wéroul, moungui woute noumoulay fadié». Pour une traduction approximative, quand tu dis que quelqu’un est fou, ce dernier cherche à voir comment t’interner toi. D’où l’importance de l’empathie.

Se focaliser sur ce que l’on peut contrôler
Ceci constitue l’essence même du bien-être. Ce qui est sous notre contrôle et ce qui est hors de notre contrôle. Si on dépense notre énergie sur ce qui est hors de notre contrôle c’est une source de stress permanent. Par exemple, ce que les gens disent de moi je ne peux pas le contrôler. Je ne suis pas le Professeur Charles Xavier dans X-men, un mutant qui a le pouvoir de lire les esprits. Il peut aussi projeter ses pensées dans les esprits des autres en les manipulant ou effacer des souvenirs. Même si en y pensant ce serait génial d’avoir ce genre de pouvoir.
On ne peut plus sérieux. Retour à la réalité…Ceci dit, au lieu de me plaindre et commencer à me morfondre, je peux au contraire contrôler mon discours intérieur ; ce que je pense de moi-même. Comme l’autre le disait je ne peux pas empêcher les oiseaux de voler au-dessus de moi mais je peux les empêcher de ne pas construire un nid sur ma tête.
Il fait très chaud. Je ne saurais contrôler le vent, ni le soleil. Mais je peux tout simplement rafraîchir l’air à l’aide d’un ventilateur. Me plaindre de la canicule ne sert absolument à rien. Maya Angelou le disait si bien dans une lettre à sa fille : «Tu ne peux contrôler tous les événements qui t’arrivent, mais tu peux décider de ne pas être réduite à eux. Essaie d’être un arc-en-ciel dans le nuage d’autrui. Ne te plains pas. Fais tout ton possible pour changer les choses qui te déplaisent et si tu ne peux opérer aucun changement, change ta façon de les apprehender.»
Aussi le passé est-il inchangeable ; donc hors de notre contrôle. Le futur non plus on y peut rien. Donc pourquoi se stresser sur ce qui s’est déjà passé et sur ce qui viendra ? On n’a aucun pouvoir sur ces deux choses.
Je regrette que cela ne se passe pas comme-ci, dommage c’est déjà passé. J’aimerais que cela se passe comme cela, navré ce n’est pas encore venu. Ce qui est là et qui est sous notre contrôle, c’est le présent. Ce que je peux faire de mon présent dépend entièrement de moi. Ce n’est pas pour rien qu’on dit que demain est un autre jour. En anglais «present» (le présent) signifie aussi cadeau. Puisque c’en est un il faudrait en profiter.

Traiter ce que tu n’as pas comme non-existant
Bien que c’est plus facile à dire qu’à faire mais cela facilite énormément les choses. L’être humain a tendance à se comparer aux autres, à vouloir ce qu’il n’a pas. On oublie souvent de valoriser ce que l’on a à la place. Il faut se contenter de ce que l’on a en ayant de la gratitude. Certains diront que c’est une excuse mis en exergue par les gens qui ne sont pas du tout ambitieux.
Cela n’a rien à voir avec le manque d’ambition. C’est bien d’aspirer à avoir plus mais ne pas perdre de vue la gratitude pour ce que l’on a. La vie devient plus facile et on est plus léger. On entend souvent dire qu’on se souvient de la valeur d’une chose le jour où on en a vraiment besoin.
Je n’ai pas de voiture. Donc je me dis que la voiture n’existe pas. De ce fait j’aurai moins de pression même si tous mes amis en ont une. Voilà le mot : pression. Ce qui fatigue beaucoup de gens : pression sociale, pression des pairs, etc. On regarde toujours ce que mes ami(es) d’enfance, mes condisciples, mes promotionnaires, mes collègues, mes camarades ont et que je n’ai pas encore. Considère ces choses comme non existants et tu verras le résultat. C’est très subtil comme théorie mais ça apaise. Cela ne coûte rien d’essayer après tout.

Tu peux le faire aujourd’hui pourquoi attendre demain
Il nous arrive à tous de dire les phrases suivantes : si j’ai un boulot très rémunéré, je serai heureux. Si j’ai plus d’argent, je commencerai à économiser ou à investir. Si j’ai plus de temps, je commencerai à faire du sport. Si je suis vieux, je commencerai à m’intéresser à la spiritualité. Si je me marie avec cette beauté, je nagerai dans le bonheur…On est toujours à l’attente du bon moment, le moment propice. Malheu­reusement cela ne se passera pas ainsi. C’est un des tours que nous joue notre mental. Si tu ne peux pas le faire maintenant ça sera difficile voire impossible de le faire au moment voulu.
Décide de faire ce que tu veux faire maintenant peu importe les circonstances. Décide d’être heureux même étant seul. Décide de nager dans le bonheur même s’il n’y a aucune fille avec qui bavarder à longueur de journées. Commence à investir même si tu ne gagnes pas beaucoup d’argent. Il faut y aller avec les moyens du bord. Commence à faire du sport. Inclus ça dans ton emploi du temps. Comme le conseillait Lewis Howes, un auteur américain, il faut vivre la vie avec le sens de l’urgence. Tu veux te sentir d’une certaine façon demain, n’attends pas. Com­mence à partir de dorénavant, puisque c’est une urgence. Fais-le illico presto.

Les choses externes ne sont pas le problème mais notre jugement envers eux
Beaucoup de problèmes de la vie ne sont en fait qu’une construction mentale. Le cerveau a tendance à créer des problèmes même si tout baigne dans l’ordre. Savoir gérer ce que le cerveau construit n’est pas chose aisée. Je m’explique.
Notre fiancée se sépare de nous. La chose en elle n’est pas grand-chose. Il s’agit de deux personnes qui ne sont plus ensemble et chacune a pris un chemin différent. Mais quand on pense qu’elle est forcément avec un autre homme après la rupture, la rage commence à s’installer. Quand je pense que je ne sentirai plus l’odeur de son parfum, la tristesse nous envahit. Donc ce n’est pas la séparation en elle-même qui nous fait mal mais ce qu’on se dit après.
Quelqu’un nous poignarde à la main. En de telles circonstances, l’être humain en général ressent deux douleurs. La première est physique et c’est normal. Cela guérit vite avec quelques soins et on oublie. Mais la douleur qui reste et qui perdure c’est quand on se dit pourquoi on m’a poignardé, pourquoi cela m’arrive à moi. Et bonjour la peine. Donc le problème c’est seulement comment on juge nos expériences.
Ce sont ces sept (7) éléments que je voulais partager. Toutefois, je continue de les soupeser, histoire d’y voir encore plus clair puisque «c’est la marque d’un esprit éduqué d’être capable d’accueillir une pensée sans l’accepter» (Aris­tote).
Alassane SANE
Un étudiant de la vie.