Les autorités sénégalaises ont décidé de mettre en place une nouvelle société qui va gérer l’assistance aéroportuaire à l’aéroport de Diass. Et le consortium turc qui construit l’aéroport se retrouve bien servi dans le capital.

Ce matin, à 10h, au siège du ministère du Tourisme et des transports aériens, se tient une réunion dont l’objectif déclaré est la mise sur pied d’une société d’assistance aéroportuaire (en anglais handling), qui aura l’exclusivité des activités d’assistance sur la plateforme aéroportuaire de Diass.
Cette nouvelle société va couper l’herbe sous les pieds des deux structures d’assistance au sol qui se partagent le marché de l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar. Il est donc quelque part normal que les personnels de Ahs, de Shs, ainsi que d’autres structures qui devraient espérer avoir leur place sur la nouvelle plateforme à la fin de l’année, s’inquiètent de savoir à quelle sauce ils pourraient être mangés.
Ce que l’on sait pour le moment, est tiré du schéma élaboré par les services du ministre Maïmouna Ndoye Seck, «après concertations» avec les différents acteurs concernés. Il s’agit, notamment, pour la nouvelle société, de gérer l’exclusivité des activités de handling sur le site du nouvel aéroport Blaise Diagne, «en dehors de la restauration à bord, confiée à Dakar Catering».
Cette exclusivité est garantie pendant 5 ans après la mise en service de l’Aibd, ou encore, «jusqu’à l’atteinte de 4 millions de passagers par an… sous réserve du respect des normes de qualité du service à fixer dans un cahier des charges».
La nouvelle société, qui va être mise sur pied demain, pour coiffer au poteau Ahs et Shs, aura un capital turc en majorité. En effet, le consortium Summa-Limak, qui réalise les travaux de finition de l’Aibd, détiendra la majorité des parts, en association avec des «démembrements de l’Etat du Sénégal». Démembrements qui ne sont connus que des concepteurs du projet.
On sait que Summa-Limak a dû remplacer au pied levé les Saoudiens de Saudi Binladen dont on se rend aujourd’hui compte qu’ils étaient plus venus se sucrer sur la bête qu’aider le Sénégal à réaliser ce projet qui s’est avéré le plus gigantesque auquel s’était attelé le régime de Abdoulaye Wade. On se demande, avec ce nouveau développement, si l’une des clauses de ce contrat ne concernait justement pas la reprise des activités de handling de la nouvelle plateforme.
Par ailleurs, le document indique que si la Shs disparaît, elle n’en reste pas moins actionnaire dans la nouvelle société, ce qui n’est pas le cas de Ahs. En effet, il est prévu que Shs et/ou ses actionnaires bénéficient de 33% des parts du nouvel opérateur aéroportuaire, mais pas Ahs. Cela aussi suscite des interrogations.
On sait que pendant longtemps, surtout lors de la traque des biens mal acquis, la société Ahs a été sous le feu des projecteurs, parce que enregistrée dans les biens de Karim Wade comme étant gérée sous le couvert de son ami et «complice» Bibo Bourgi. A la fin, l’Etat du Sénégal l’avait confisquée et mise sous administration provisoire, pour une période assez longue.
Quoi qu’il en soit, il est dit que les «travailleurs qualifiés de Ahs et Shs qui le souhaitent» pourraient intégrer «la nouvelle société et voir l’acquisition de leurs actifs adaptés». On en vient à se demander qui est-ce qui serait visé. Car en effet, comment une personne non qualifiée pourrait-elle se retrouver dans l’une quelconque de ces structures ? Et pour quelle tâche ?
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