Universités – Modèle économique insoutenable : La Cosydep souhaite un changement de paradigmes

Par Dieynaba KANE –
La Cosydep a constaté que le modèle économique actuel pour les universités «n’est plus soutenable». Dans un document intitulé : «Quel modèle économique pour nos universités publiques face aux revendications récurrentes», cette organisation de la Société civile fait remarquer que l’actuel modèle «n’arrive plus à maîtriser les flux d’étudiants en rapport avec la capacité d’accueil actuelle des universités». Ce, soulignent les auteurs du document, bien «que le Sénégal n’ait pas encore trop d’étudiants et le pays n’ayant pas atteint le ratio standard population/étudiants». De même, il est précisé que «la gratuité de l’enseignement supérieur n’est pas garantie, contrairement au cycle fondamental qui doit être gratuit et obligatoire».
De ce fait, pour améliorer le fonctionnement des universités publiques, la Cosydep recommande de «réfléchir sur un nouveau modèle économique dont les bases pourraient être de maîtriser les flux d’étudiants». Le document estime que «cela doit passer par l’élargissement des filières en formation professionnelle en faisant fonctionner des filtres». Il s’agira, ajoute le document, «d’orienter un grand nombre d’élèves dans la formation professionnelle à la fin du cycle fondamental, les bacheliers qui en ont les moyens dans les universités privées, de soutenir le développement des universités régionales pour permettre de désengorger les grandes universités, de minorer les coûts sociaux pour l’étudiant».
Cette structure de la Société civile plaide également pour l’instauration d’un «dialogue inclusif entre l’Etat, l’entreprise, l’enseignant-chercheur et l’étudiant». La Cosydep juge que «les options fondamentales de l’enseignement supérieur ne doivent pas être discutées seulement entre parties prenantes directes, dans un dialogue étroitement bilatéral». Dans la même perspective, elle conseille de «favoriser l’émergence d’une université du développement, bâtir des réponses aux problèmes sociétaux et économiques dont celui d’un modèle économique viable pour les universités publiques». Il est en outre proposé de promouvoir le partenariat public-privé à travers le sponsoring ou parrainage d’étudiants ou de la recherche par des entreprises, des contrats de recherche avec des entreprises privées ou des institutions publiques, un dispositif de soutien au financement des universités (bourses ou infrastructures) par leurs anciens étudiants, des services rémunérés effectués par l’étudiant dans de petites entreprises (restaurants, supermarchés, assistanat).
Cheikh Mbow et ses collaborateurs veulent aussi que les recommandations de la Cnaes invitant à la réalisation d’une étude économique des différentes options proposées pour la soutenabilité du financement de l’enseignement supérieur, l’instauration d’un «système optimal d’exploitation des ressources des universités publiques», la promotion «des financements innovants», entre autres, soient mises en œuvre. Leur document souhaite «la finalisation des chantiers de toutes les universités et des établissements d’enseignement supérieur publics, la construction de nouvelles universités dans les régions qui n’en disposent pas, l’accompagnement des établissements pour générer des revenus à travers la valorisation de leurs expertises et de la recherche appliquée» qui font partie des engagements du Premier ministre dans sa Déclaration de politique générale du 27 décembre dernier.
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