Avec les changements climatiques, il est essentiel de promouvoir la promotion de la construction durable pour affronter les effets pervers du réchauffement de la planète.Par Justin GOMIS

– «Construction durable : Défis et perspectives.» C’est le thème choisi par Batimat pour animer le panel sur la construction durable en prélude au Salon du bâtiment qui va se tenir en France du 30 septembre au 3 octobre 2024. L’idée, c’est de susciter un intérêt sur cette question d’actualité qui vise à construire des habitations ou des bâtiments avec des matériaux locaux. «Nous devons comprendre que 70% des bâtiments qui seront en Afrique en 2040 ne sont pas encore construits. C’est sûr que ces bâtiments, vu le contexte environnemental et d’émission de gaz à effet de serre et de réchauffement climatique, il est normal que dans ces bâtiments qui seront construits, une part importante revienne à la construction durable», a fait savoir Moustapha Diop, le Conseiller technique du Directeur général de la Construction et de l’habitat. Selon le chargé des questions liées à la durabilité au ministère de l’Urbanisme, «il s’agit de transformer l’environnement bâti avec des matériaux locaux sur lesquels nous travaillons». A en croire Moustapha Diop, l’Etat s’est déjà inscrit dans cette logique à travers un important projet sur l’habitat. «Nous avons fini la première phase qui est l’évaluation de base. Nous sommes en train de mettre en place une feuille de route qui sera accolée à la feuille de route mondiale Global Abc, qui est la plus grande alliance mondiale sur la construction durable, pour pouvoir accompagner toutes les initiatives durables sur la construction, mais aussi la promotion des matériaux locaux», a-t-il renseigné. Cependant, la tâche ne semble pas facile car beaucoup de défis se dressent sur le chemin des acteurs. «On a vu que dans tous les secteurs, chacun a sa manière de construire et le nouveau modèle est venu avec un type de construction. Aujourd’hui, beaucoup de gens perçoivent très mal l’idée d’habiter dans des maisons en terre», a-t-il souligné. A cela s’ajoute aussi le défi d’avoir des mécanismes financiers et celui de pouvoir aider les acteurs à avoir accès à ces fonds comme le Fonds vert climat qui accompagne ce secteur. D’après toujours Moustapha Diop, il y a aussi le défi de l’innovation. «Beaucoup de nos artisans ne maîtrisent pas encore ces techniques, ni ces matériaux. L’un des défis majeurs, c’est celui de l’innovation et de la recherche, de la formation et surtout de la sensibilisation», a-t-il cité.

Abondant dans le même sens, Djigy Dramé, architecte-urbaniste chargée de projet pour Onu Habitat du Sénégal, indique aussi d’autres défis à relever sur cette question d’habitation durable. Selon elle, il y a des enjeux climatiques et le défi de la croissance démographique. «La population s’accroît de manière exponentielle au Sénégal. C’est une opportunité pour construire de manière plus durable. On est face à un changement climatique assez accru. Les bâtiments ne sont pas vraiment créés pour l’environnement», se désole-t-elle. Autres défis majeurs cités par la panéliste, c’est celui de la sensibilisation de la population, du renforcement de capacité technique de manière durable et à long terme, et la question de l’approvisionnement des matériaux. «Les gens ont besoin de savoir où chercher ce matériel pour pouvoir l’implémenter dans le bâtiment», a-t-elle dit.

Au regard de tout ce qui est en train de se faire au Sénégal, le Directeur général de Batimat n’a pas caché sa satisfaction. «C’est très encourageant pour le Sénégal de savoir qu’il y a un dynamisme économique ici. On peut donner beaucoup d’opportunités aux entreprises européennes et françaises de venir ici pour participer et accompagner le développement. C’est une belle opportunité de compenser les difficultés auxquelles elles font face sur le marché», a dit Jean-Philippe Guillon.

Pour lui, malgré ces multiples défis soulevés, le plus important est qu’il y ait un vrai dynamisme dans la promotion de la construction durable. C’est dans ce sens qu’il invite les acteurs sénégalais à venir prendre part au Salon de Paris sur le bâtiment. «On aura la grande majorité des leaders de l’ensemble des matériaux de construction. On va occuper l’intégralité de la Place de Versailles. Le salon qui occupe la plus grande taille en France tous salons confondus, professionnels comme publics. On aura 50% de Français et 50% d’exposants internationaux pour 120 mille visiteurs attendus», a-t-il promis.

Après l’édition 2022 réussie, rassemblant plus de 110 000 visiteurs et 1720 exposants, le Mondial du bâtiment ainsi que les salons Batimat, Interclima et Idéobain sont prévus du 30 septembre au 3 octobre 2024 à Paris Expo Porte de Versailles. «Et cet événement international de référence réunira à nouveau les acteurs et décideurs clés du secteur de la construction, abordant des enjeux tels que la rénovation énergétique, la décarbonisation des procédés et l’évolution des métiers», a-t-il soutenu. Le gouvernement du Sénégal et les communes y sont attendus.
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