Lors de sa dernière sortie devant la presse, le Président Ousmane Sonko a soutenu que le pouvoir actuel peut bel et bien perdre les prochaines élections locales si elles sont organisées avec l’actuel fichier électoral. Cette déclaration a surpris plus d’un et a peut-être pu étonner ceux qui connaissent notre position de toujours sur ce sujet.
Dans le présent billet, nous avons essayé d’exposer quelques arguments parmi tant d’autres qui militent en faveur d’une telle perspective électorale.
D’abord, retenons que le fichier a été conçu pour organiser des élections générales (législatives de 2017 et présidentielle de 2019). De ce fait, pour ce qui est des élections locales à venir, il n’y a rien, a priori, qui assure au camp présidentiel les mêmes garanties de victoire technique que lors de la récente  élection présidentielle.
Forts de ce constat, nous considérons que l’audit du fichier, tel qu’il est demandé par l’opposition, à savoir un audit sur pièce et sur place, risque de prendre beaucoup de temps et entraîner un report des prochaines élections locales dont la tenue est  prévue au plus tard, avant la fin du premier trimestre de l’année 2021. C’est pourquoi,  nous disons que cet audit peut attendre jusqu’à la veille des prochaines élections législatives.
Enfin, le fichier actuel est une base matérielle que nous nous sommes évertués d’explorer comme telle. Dans cette perspective, nous l’avons fait auditer par nos propres informaticiens. Nous pouvons donc le  contrôler et déceler à temps tout changement éventuel que le gouvernement actuel pourrait être tenté d’y apporter à l’insu d’acteurs de l’opposition.
C’est la raison pour laquelle, nous estimons que le vrai combat politique qui nous attend est celui qui portera sur la prochaine révision des listes électorales. Concrètement, cela signifie qu’il faudra nous battre pour que tous les Sénégalais qui ont l’âge de voter (primo votants et/ ou primo inscrits) puissent s’inscrire sur les listes électorales et disposer de leur carte d’électeur, afin de  pouvoir voter en toute liberté aux prochaines élections locales.
Par conséquent, nous devons nous assurer que tous les jeunes en âge de voter soient informés de la période de révision de ces listes, soient bien encadrés pour aller s’inscrire sur les listes électorales et suffisamment sensibilisés sur les enjeux de l’heure, pour pouvoir, si besoin en était, exiger qu’on leur donne leurs cartes d’électeur.
Par ailleurs, il faudra que les forces de l’opposition mutualisent  leurs stratégies et leurs ressources au sein des commissions administratives chargées d’organiser cette révision, afin de  lutter efficacement contre le transfert d’électeurs, qui semble être la seule arme qui reste au pouvoir actuel, pour reprendre la main dans les localités où elle a été devancée par l’opposition.
En outre, le combat de l’opposition devra aussi consister à  se battre pour soustraire de la tutelle d’un ministre de l’Intérieur partisan certains organes de gestion des élections, notamment la Daf (Direction de l’automatisation du fichier) et la Dge (Direction générale des élections). Et si le gouvernement persiste et avance des raisons liées à la sûreté nationale pour refuser le fait que la Daf soit extirpée du ministère de l’Intérieur, il nous faudra exiger la mise sur pied d’une Dfe (Direction du fichier électoral) qui sera administrée par la Dge comme c’est le cas actuellement avec la Doe (Direction des opérations électorales), la Dpl (Direction de la planification et de la logistique) et la Dfc (Direction de la formation et de la communication).  Il faut préciser que dans ce format, le directeur de la Dge devra être recruté par un appel à candidatures rigoureusement surveillé par l’opposition et la Société civile.
Enfin, nous devrons nous battre pour instaurer un dispositif  permanent qui puisse  permettre à tout électeur qui le souhaite de pouvoir accéder au fichier électoral en tout temps et à partir de n’importe  quel point du globe terrestre, pour pouvoir  vérifier sa situation électorale. Le même dispositif devra aussi être valable pour les partis politiques en règle avec la loi sur les partis politiques.
Voilà le combat qui nous attend les semaines ou mois à venir. Et nous pouvons le gagner si l’opposition est unie et refuse de tomber dans le piège que lui tend le pouvoir prédateur du Président Macky Sall, à travers notamment la désignation du chef de file de l’opposition. Ce dernier point ne doit pas nous éloigner  de l’essentiel, car je demeure convaincu que le débat agité concernant le chef de file de l’opposition est inopportun et impertinent au regard du contexte socio-économique catastrophique de notre pays.

S’organiser, se battre ou périr..!

Aldiouma SOW 
Secrétaire National aux
élections de Pastef