Par Khady SONKO – 

La chaine de valeur de l’huître va bientôt prendre son envol au Sénégal. Retenue avec 11 autres sur 75 propositions dans le cadre du programme quinquennal Fish4acp : «Valoriser le potentiel de la pêche et de l’aquaculture en Afrique, dans les Caraïbes et le Pacifique» et en particulier son soutien à la chaîne de valeur des huitres au Sénégal, cette chaîne a fait l’objet d’une analyse dont les résultats ont été partagés hier.
«En effet, au Sénégal l’exploitation des huîtres est restée à l’état artisanal, la productivité et la rentabilité de la chaîne de valeur restent en deçà des attentes et du potentiel des acteurs, malgré les conditions favorables et l’expertise des acteurs», a relevé le représentant du ministre de la Pêche et de l’économie maritime. Dr Namsa Keïta s’exprimait à l’atelier de validation de l’analyse de la chaîne de valeur de l’huître au Sénégal. Aussi souligne-t-il, les sites de production connaissent des problèmes de surexploitation à cause des mauvaises pratiques au niveau des mangroves. «De plus, l’enclavement des zones de production et l’absence de centres d’épuration ou d’égorgement rendent difficile l’accès aux pêcheurs et aux femmes collectrices au niveau des centres urbains et des marchés les plus rémunérateurs», regrette M. Keïta. A l’en croire, cette situation limite les possibilités de valorisation qui pourraient permettre aux produits d’accéder aux marchés rémunérateurs nationaux et internationaux et améliorer la qualité sanitaire des coquillages consommés au niveau côtier.
Afin de libérer cette chaîne de valeur et celle de l’aquaculture, l’Union européenne recommande d’assurer l’autonomisation des femmes en investissant pour améliorer leurs conditions de travail et les bénéfices issus de la filière de l’huître. En effet, les femmes représentes plus de la moitié de la population sénégalaise et 90% de la main d’œuvre de la chaîne de valeur de l’huître au Sénégal.
Le programme Fish4acp travaille à améliorer une filière principalement artisanale.
«L’huître est une source vitale de protéine de micronutriment pour un grand nombre de Sénégalais et génère d’importants revenus pour ces femmes de la Casamance et du Sine-Saloum entre autres», confirme Gouantoueu Robert Guei, représentant de l’Orga­nisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao).
Ce programme, d’un coût de 40 millions d’euros, résulte d’une demande formulée par les pays Acp 2017 en vue d’identifier et de mettre en œuvre des actions structurantes pouvant renforcer la productivité et la compétitivité de la chaîne de valeur de la pêche et de l’aquaculture tout en veillant à la durabilité à long terme et à l’inclusion sociale. Ce faisant, Fish4acp vise à réduire les difficultés qui freinent le développement de la pêche et de l’aquaculture durable, notamment la performance économique modérée, les difficultés d’accès au marché et les problématiques de durabilité sociale et environnementale.

ksonko@lequotidien.sn