Les jeunes du village de Saré Conco, commune de Saré Coly Sallé, ont étalé leur mal-être au cours d’un Forum intergénérationnel initié par l’Ong Grandmother project (Gmp-changement par la culture). Ils n’ont pas de terrain de sport et ne sont pas autorisés à organiser des bals. Les aînés, à l’origine de cette situation, se sont défendus.

Par Abdoulaye KAMARA – La jeunesse du village de Saré Conco, dans la commune de Saré Coly Sallé, était bien représentée au Forum intergénérationnel organisé par l’Ong Grandmother project (Gmp-changement par la culture), lundi 25 et mardi 26 septembre 2023. En présence de parents, grands-parents, ainsi que jeunes sœurs, Atibou Diao, étudiant à l’Ucad, la mine sérieuse, sans sourciller, a martelé : «Dans ce village, on ne donne pas à la jeunesse ses droits. C’est le seul village où l’organisation de soirées dansantes est interdite. Dans ce village, il n’existe pas de terrain de football. Le chef de village ne nous a pas accordé tous ces droits.» Conséquence de cette situation : «Nous refusons de répondre aux aînés quand ils nous sollicitent pour des travaux d’intérêt communautaire : désherber la cour de l’école élémentaire ou les rues du village.» Mahamadou Baldé, autre jeune, d’embrayer avec la même mine sérieuse, le ton ferme : «Les aînés ne parlent aux jeunes que pour leur dire : «Venez faire ce travail, allez chercher du bois mort, etc.» On ne fait jamais appel à nous pour partager des idées, des biens. Dans ces conditions, les bases d’un conflit intergénérationnel sont posées.»

Toutes ces allégations sont confirmées par l’adjoint du chef du village, Moussa Diao, qui a tranché net : «Les jeunes ne s’approchent pas des vieux, ne les saluent même pas. Comment peuvent-ils profiter des aînés en termes de biens et de savoirs ?»

Samba Diao, adulte, a expliqué l’origine de ce différend : «Les jeunes n’ont rien fait pour obtenir un terrain de football auprès des autorités compétentes. Et puis, il n’y a plus d’espace à octroyer aux jeunes pour un terrain de jeu. Ma famille a des champs que nous donnons aux jeunes pour jouer en saison sèche, après les récoltes. Même si le chef de village avait l’intention de donner un terrain de sport, il devra négocier avec une famille pour le faire. Pour les soirées dansantes, le chef de village considère que c’est l’occasion de rencontres hasardeuses entre jeunes filles et jeunes garçons.» La décision du chef de village agrée la dame Kadidiatou Kandé, qui explique : «Les soirées dansantes sont des occasions pour les garçons d’avoir un accès facile aux jeunes filles. Quand un bal est organisé dans le village, il est difficile de trouver des arguments pour empêcher sa fille de sortir la nuit. Mais quand c’est organisé dans les villages voisins, l’éloignement et l’obscurité sont des raisons suffisantes pour retenir les jeunes filles à la maison.»

Au cours du forum, les participants ont proposé des solutions de sortie de crise en «adressant à l’autorité locale une demande d’attribution d’un terrain de sport, en initiant des rencontres entre jeunes et aînés chez le chef du village pour échanger sur les problèmes, en organisant régulièrement des réunions au niveau de la famille pour planifier les actions et travaux à entreprendre, en négociant avec le chef du village l’obtention d’une autorisation permanente d’organisation de bals, en encourageant les jeunes à se rapprocher des aînés, en demandant aux aînés de se montrer plus aimables envers leurs enfants». Gmp-changement par la culture se charge de faire le suivi des solutions retenues par le forum et reviendra, peut-être, dans 6 mois, pour faire l’état des lieux relativement à l’exécution desdites solutions.