Les familles des migrants portés disparus, hormis les appuis (psychosocial et économique) dont elles ont besoin, sont souvent confrontées à des difficultés administratives (état civil, justice etc.). C’est pour obtenir une meilleure compréhension de cette réalité par les services administratifs et judiciaires qu’un Comité départemental de développement (Cdd), initié par le Comité départemental de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge, a été convoqué par le préfet du département jeudi passé.

Le Comité départemental de la Croix-Rouge de Vélingara a enregistré près de 75 familles dont des membres sont portés disparus sur les routes de l’émigration irrégulière. Dans ce nombre, 31 familles ont déjà bénéficié de son appui psychosocial et économique, 30 autres sont enrôlées pour une deuxième phase qui a obtenu, comme pour la première, l’appui du Comité international de la Croix-Rouge (Cicr). Pour mieux réussir cette seconde phase, la Croix-Rouge de Vélingara a fait convoquer par l’autorité administrative un Comité départemental de développement (Cdd). L’adjoint du préfet, Mamadou Lamine Ngom, qui a présidé la réunion, a renseigné sur ses objectifs : «Partager le programme de la Croix-Rouge qui consiste à l’accompagnement des familles des migrants disparus. L’idée c’est qu’après avoir constaté la disparition d’un émigré qui ne donne pas de nouvelles, la situation psychosociale de la famille née de ce constat devient préoccupante. Il s’agit, avec les services techniques ici présents, de voir quelle peut être leur part de contribution pour enlever l’épine du pied de ces familles en détresse.»  Le chef du Programme accompagnement des migrants disparus du Comité international de la Croix-Rouge (Cicr), Nicolas Mendy, apporte plus d’éclaircissements : «Nous nous rendons compte que la nature des besoins des familles des migrants disparus dépasse nos moyens et nos compétences sur les plans administratif et juridique. Nous sommes-là pour travailler avec ces services étatiques, non étatiques et structures pour voir comment mieux gérer les difficultés auxquelles ces familles sont confrontées.»
Samba Diao, point focal de la Croix-Rouge à Vélingara, a levé un coin du voile sur quelques difficultés : «En cas de disparition pour plusieurs années d’un conjoint, la famille a de la peine à casser légalement le mariage, les enfants peinent à obtenir des documents d’état civil exigeant la présence des pièces du parent disparu. Au niveau communautaire, la stigmatisation est entretenue par les voisins qui accusent la maman ou la conjointe d’avoir encouragé le disparu à tenter l’aventure en finançant ou en mettant la pression. En plus des besoins de rétablissement des liens familiaux, l’appui psychosocial et le soutien socio-économique.»