Par Abdoulaye KAMARA – 

L’activiste, Guy Marius Sa­gna, ne se donne pas de limites géographiques au Sénégal pour des revendications dites citoyennes. Il a été transféré à la Division des investigations criminelles à Dakar pour avoir participé à une manifestation populaire contre l’octroi de 1000 ha de terres au promoteur bananier, Mamadou Oumar Sall, par ailleurs Haut-con­seiller des collectivités territoriales (Hcct). C’est plutôt à une tentative de sit-in dans la bananeraie du haut-conseiller, à laquelle il était venu prendre part à Pakour, dans le département de Vélingara, région de Kolda. Cette bananeraie située entre les villages de Manato et Diao counda, fait partie d’une assiette foncière de 1000 ha que la mairie de Pakour a offerte au roi de la production bananière au Sénégal. Les initiateurs de la dite manifestation sont Frapp France dégage de Kolda, Jeunesses panafricanistes de Kolda, One nation, le mouvement Doyna de Pakour, etc. qui, selon Youssouph Thiané Baldé, coordonnateur départemental de Frapp France dégage, cherchent à «pousser la mairie à reprendre 80% des 1000 ha, c’est-à-dire que M. Sall s’arrête aux 250 ha déjà clôturés et en production».
Alpha Sow, responsable communal pour Pakour de Frapp France dégage, raconte le film de l’arrestation de Guy Marius Sagna. Il dit : «Tôt le matin du samedi, des gendarmes se sont postés sur tous les axes qui mènent à la bananeraie. N’empêche, nous avons pu, avec Guy, passer la journée dans le village de Sinthiang Fally à 400 m du lieu du sit-in. Vers 13 heures 30, lorsque nous avons voulu nous rendre sur les lieux, les gendarmes ont essayé de nous contenir dans le village. Lorsqu’ils se sont rendu compte que nous les contournions, ils ont lancé des grenades lacrymogènes dans ce petit village. Deux vieilles femmes se sont évanouies, étouffées par la fumée.» Il poursuit : «Les gendarmes ont arrêté le chef de village, Sada Baldé, qui ne s’était pas mêlé à l’activité, et son fils Alpha qui ont été libérés plus tard le soir. C’est ainsi que Guy et nous-mêmes nous nous sommes rendus vers 18 heures à la gendarmerie de Kounkané pour déposer une lettre de protestation contre les violences que nous avons subies de la part des forces de sécurité. C’est ainsi que la gendarmerie a auditionné les responsables séparément et a profité de cette situation pour exfiltrer, en catimini, Guy, qu’ils ont d’abord déposé à Tambacounda avant de l’acheminer à Dakar dans la même nuit.»
Très révolté, M. Sow avertit : «Nous croyions à Pakour qu’il n’y avait pas assez de forces de sécurité au Sénégal pour assurer notre sécurité. Le nombre de gendarmes déployés nous a prouvé que l’Etat refuse de nous protéger contre les bandits transfrontaliers qui écument la zone. Mais que M. Sall et le maire comprennent que nous n’aurons de répit que quand les terres de Pakour reviendront aux futures générations de Pakour et non aux descendants de Sall qui sont à mille lieues de là.»