La Société de développement et des fibres textiles (Sodefitex) a fait le point sur sa campagne de culture cotonnière qui a démarré, en dévoilant ses objectifs et candidatures d’emblavures. Le service technique du développement rural a aussi dévoilé les points forts et faiblesses de la campagne. C’était au cours d’un comité départemental de développement tenu hier mardi à la Préfecture de Vélingara.Par Abdoulaye KAMARA (Correspondant ) –
On n’en sait davantage sur les intentions d’emblavures en or blanc dans la région cotonnière de Vélingara. Mamadou Mballo, responsable de la région cotonnière de Vélingara, décline : «Nous avons recensé précisément 10 454 ha en intentions d’emblavures. Le secteur de Linkéring vient en tête des intentions avec 4811 ha, puis vient Pakour avec 3154 ha, la zone de Vélingara ferme la marche avec seulement 952 ha précédée par Kounkané avec 1536 ha.» M. Mballo a donné ces chiffres au cours d’un Comité départemental de développement (Cdd) tenu hier mardi à la Préfecture de Vélingara sous la présidence de l’adjoint du Préfet Mamadou Lamine Ngom.
La Sodefitex et son partenaire, la Fédération nationale des producteurs de coton (Fnpc), ont déjà réceptionné tous les intrants agricoles nécessaires. Mamadou Mballo précise : «Nous avons en magasin tous les intrants nécessaires. Seulement, nous procédons à la mise à disposition en tenant compte de la période et des comportements des partenaires-producteurs. Ainsi pour ce qui concerne les semences, 86% sont mis en place, 20% pour l’Urée, 73% pour l’engrais Npk et 89% pour l’herbicide.» Expliquant cette mise à disposition au compte-gouttes, le technicien Mballo renseigne : «Nous craignons un détournement d’objectif ou une exportation des intrants vers les pays limitrophes, comme c’est souvent le cas. Nous attendons le moment des épandages pour livrer les engrais et nous les déposons à domicile. Idem pour les pesticides et herbicides. Tout est donné à crédit.»
Selon toujours le patron des producteurs de coton du secteur de Vélingara, l’exportation des intrants et le détournement d’objectif (les intrants du coton sont utilisés dans les champs de maïs ou de riz) sont responsables de la baisse des rendements constatée à l’hectare. Il dit : «La semence que nous avons distribuée a une potentialité de 3,5 t à l’hectare. Malheureusement, du fait des mauvaises pratiques culturales, en refusant de respecter tout le paquet technique conseillé, le rendement ne suit pas.»
Campagne 2022, une somme d’1,9 milliard distribuée aux cotonculteurs
La production cotonnière au niveau national baisse année après année. Il n’empêche, le département de Vélingara tient à la cotonculture, malgré un environnement climatique et socioéconomique défavorable. La saison dernière, Vélingara a produit 11 852 tonnes sur une superficie totale emblavée de 9400 hectares. Soit un rendement à l’hectare de 1189 kg. Ces informations sont fournies par le patron départemental de la production cotonnière de Vélingara. Mamadou Mballo ajoute : «Après avoir déduit le crédit en intrants, les producteurs se sont partagé la somme d’1 milliard 900 millions de francs. Ce qui fait un gain à l’hectare de 212 715 francs.» Il reconnaît toutefois la réduction du nombre de citoyens de la localité qui produisent l’or blanc. «Les femmes se sont retirées de la filière pour s’adonner à des activités de maraîchage ou au commerce. Les jeunes reviennent progressivement dans l’activité du fait de la disponibilité des intrants qui sont totalement donnés à crédit», indique M. Mballo.
De la problématique de l’usage des pesticides
La culture du coton, comme toute agriculture conventionnelle, utilise beaucoup d’intrants chimiques, parmi lesquels les pesticides. Au cours du comité départemental de développement, un participant, ancien producteur de coton, a déploré l’insuffisance de sensibilisation des producteurs sur le caractère toxique des pesticides qu’ils obtiennent de la Fédération nationale des producteurs de coton (Fnpc). Amadou Sabaly est allé jusqu’à donner des cas de mort à petit feu de cotonculteurs. Morts qui, selon lui, semblent être causés par l’inhalation du produit. Sans donner des preuves scientifiques de ce qu’il avance ni des proportions notées, Amadou Sabaly demande à la Sodefitex de mettre le focus sur la formation et la sensibilisation de ses partenaires. La Sodefitex est consciente de cette réalité (la toxicité des pesticides) et ne la nie pas. D’ailleurs sur les emballages figurent des pictogrammes et écriteau indiquant la dangerosité des insecticides utilisés dans la culture de l’or blanc. Mamadou Mballo, responsable de la région cotonnière de Vélingara, soutient que «la Sodefitex prend des précautions. Elle a toujours mis en avant la santé des producteurs. Elle ne met jamais à la disposition un insecticide qui n’est pas homologué. Et pour tout producteur, il y a une commande de kit de protection disponible au niveau des magasins des secteurs». «Seulement, les cotonculteurs évoquent des problèmes d’adaptation aux équipements de protection. Soit ils disent qu’ils étouffent là-dedans, que les kits sont chauds, qu’avec les bottes, leur marche est ralentie. etc. Les producteurs sont tous assez sensibilisés et formés aux bonnes pratiques culturales», conclut-il.
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