Achoura, version chiite, a vécu à Daroul Hijrat, un village du département de Vélingara. Là-bas, mercredi, plus de 20 000 citoyens du monde se sont retrouvés pour commémorer le deuil subi par la famille du Prophète de l’islam, Mohamed (Psl), presque au bord de l’extermination par les armées du khalife Moawiya. Suffisant pour que Mawlana Chérif Mohamed Aly Aïdara répète, avec insistance, qu’Achoura est un jour de deuil et non de fête. Cela, devant une foultitude de fidèles et d’érudits de l’islam, attentifs et convaincus.Par Abdoulaye KAMARA –

Chérif Mohamed Aly Aïdara, guide de la communauté musulmane chiite Mozdahir, semble avoir une obsession : faire accepter à tous les musulmans, de quelque école qu’ils appartiennent, qu’Achoura ne saurait être un jour de réjouissances. Mercredi dans son village natal de Daroul Hijrat, à l’occasion de la célébration d’Achoura par sa communauté religieuse, Mawlana Chérif Aly, tout au long de son speech, s’est évertué à convaincre son auditoire, composé de près de 20 000 personnes, qu’Achoura est un jour de deuil et non le contraire. Il a martelé : «Nous invitons tout le monde à commémorer le deuil d’Achoura. Je ne souhaite pas, pour ma part, faire partie, en connaissance de cause, de ceux qui fêtent Tamxarit en se gavant de couscous ou en organisant des carnavals comme si c’était pour se moquer de la famille endeuillée du Prophète Mohamed (Psl), ni de ceux qui restent indifférents à cette calamité pour en répondre demain devant Fatima Zahra Bintou Rassoul (Pse).» Comme convaincus par ces rappels historiques, les fidèles entonnent un cri de ralliement à la cause du martyre de l’imam Hussein en criant : «Labayka yaa Hussein. Allahoumma salli alaa Mouhammad.» Invaria­blement, la dizaine d’orateurs qui se sont relayé le micro à cette tribune de la communauté chiite Mozdahir se sont attelés à manifester leur amour et solidarité à la famille endeuillée du Prophète de l’islam dont le petit-fils Hussein et alliés ont été torturés avant d’être tués par les gouvernants irakiens de l’époque, précisément en l’an 61 de l’Hégire. Mieux, Le guide spirituel de la communauté chiite Mozdahir a prouvé qu’Achoura ne saurait être un moment de jeûne. A ce propos, citant l’imam Sadiq, Chérif Aly a dit : «On ne jeûne pas lorsqu’on est touché par le malheur. Si tu fais partie de ceux qui sont touchés par le malheur, donc ne jeûne pas.»

Expliquant la délocalisation par la communauté Mozdahir de la célébration d’Achoura à Daroul Hijrat, le porte-parole du khalife, Cheikh Taha Sougou, a renseigné : «Maw­lana Chérif Aly a décidé, sous l’éclairage divin, de ramener la commémoration du martyre de Hussein à Daroul Hijrat, ce village qui porte le même nom que l’endroit à Shaam, en Syrie actuelle, où le même deuil a été célébré pour la 1ère fois. Il s’agit, en fait, d’un retour aux origines.» Chérif Mohamed Aly, parlant de la pertinence du choix de cette localité du département de Vélingara, a rappelé : «Nous avons pu constater que nos disciples, éparpillés, manifestaient de plus en plus le besoin de se retrouver ponctuellement au sein d’un même lieu pour partager leur tristesse avec ceux qui partagent les mêmes convictions. Le lieu le plus à même de remplir cette fonction est -par son histoire, sa richesse spirituelle et sa situation géographique qui en fait un carrefour entre le Sénégal, le Mali, la Gambie et les 2 Guinée- mon village natal, Daroul Hijrat.»

Chérif Aly a prié, à la fin de son speech, pour les pèlerins et autres disciples, ainsi que pour le Sénégal et «les nouvelles autorités politiques qui ont pris le pouvoir dans un moment décisif de la vie du pays et des populations».
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