Vélingara – Célébration d’Achoura par la communauté : Darou Hijiratou, cœur de la communauté chiite
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La 2ème édition d’Achoura de la communauté mondiale de l’islam chiite Mozdahir à Darou Hijiratou, département de Vélingara, a démarré depuis le 10 juillet courant et va prendre fin par des communications de sommités de l’islam chiite du monde demain mercredi 17 juillet, coïncidant avec le 10ème jour du mois lunaire de Mouharram. Pendant cette décade, les fidèles du guide religieux Chérif Mohamed Aly Aïdara se sont adonnés à des activités sociales de reboisement et de consultations médicales, ainsi que des actes de dévotion empreints de tristesse par solidarité au deuil subi par la famille du Prophète de l’islam.
Par Abdoulaye KAMARA –
Darou Hijiratou, petit village situé dans le département de Vélingara, est l’autre Karbala de l’islam chiite Mozdahir. Le village natal du guide religieux de cette communauté religieuse abrite depuis le 10 juillet, et cela jusqu’à demain 17 juillet, des activités commémoratives du deuil et des atrocités subies par la descendance du Prophète de l’islam, «maltraitée, torturée pendant toute la première décade du mois lunaire de Mouharram, avant que la lignée masculine, à quelques exceptions près, soit assassinée par les armées du khalife de l’islam de l’époque, un jour de l’an 680 après Jésus-Christ». C’est le récit, un tantinet triste, du Dr Chérif Al Hassane Aïdara, président du comité d’organisation de la 2ème édition de la célébration d’Achoura, version chiite, dans le village natal de son père biologique, Chérif Mohamed Aly Aïdara, par ailleurs guide de la communauté. Déjà, ce village, qui est symboliquement l’autre Karbala de la communauté chiite Mozdahir (Karbala est le nom de la ville irakienne qui a été témoin de l’assassinat de l’imam Hussein), a commencé à recevoir des milliers d’hôtes venus de pays asiatiques, de l’Europe et des pays de la sous-région ouest-africaine. Ce beau monde a comme activités au cours de ces jours qui mènent à Achoura, ce mercredi, des prières, des invocations, mais surtout la participation à des causeries sur le sens d’Achoura, toutes les nuits après les prières de «Maghrib et d’Ichaa». Chérif Mohamed Aly Aïdara, guide religieux de la communauté, est revenu sur le sens d’Achoura : «Achoura est un jour de deuil et non un jour de fête», a-t-il tranché net. Avant de donner un cours d’histoire pour étayer son propos. Il enseigne : «Durant la période du 1er au 10 Mouharram de l’an 61 de l’Hégire, la famille du Prophète Mohamed (Psl) a été assiégée dans le désert irakien, à Karbala, pendant 10 jours, sans eau ni nourriture, puis massacrée sur les ordres de Yazid, fils du calife de l’époque, Moawiya. Parmi les personnes assassinées, l’imam Hussein, fils de la fille du Prophète, Fatima Zahra, et de l’imam Aly. Moawiya décréta Achoura jour de fête célébrant la victoire de la famille Omeyyade sur la famille du Prophète Mohamed.» Darou Hijiratou, village de la commune de Bonconto, a donc donné une tribune à Mawlana Chérif Mohamed Aïdara et ses lieutenants pour sensibiliser leurs coreligionnaires qu’Achoura ne saurait être une fête pour tout musulman, quelle que soit l’école d’appartenance. Hormis ces causeries, la communauté a procédé à la plantation d’arbres dans l’enceinte du vaste domaine qui abrite Achoura et qui a été construit exclusivement pour l’événement, avec un imposant bâtiment abritant une suite royale. En plus, des étudiants en médecine, membres de l’Association médicale et sociale (Ams), ont organisé 2 jours (13 et 14 juillet) de consultations gratuites avec dons de médicaments.
Plus de 600 personnes consultées
Ce sont des humains en bonne santé qui font l’islam et qui peuvent efficacement perpétuer les enseignements du Prophète Mohamed (Psl). C’est la conviction du guide de l’islam chiite Mozdahir. Chérif Mohamed Aly Aïdara a ainsi donné une des raisons qui l’ont poussé à chercher à collaborer avec l’Association médicale et sociale du Sénégal (Ams) pour organiser une campagne de consultations gratuites en faveur des pèlerins et autres citoyens du monde qui se sont retrouvés à Darou Hijiratou pour la commémoration du deuil de la famille prophétique ou Achoura. L’Ams, constituée d’étudiants en médecine de toutes les spécialités ainsi que de paramédicaux, pendant 2 jours (samedi et dimanche), a pu consulter «plus de 600 personnes», a informé Mady Cissokho, étudiant en médecine, président de l’Ams. La pédiatrie, la gériatrie, la gynécologie, l’ophtalmologie, l’odontologie, la cardiologie et la médecine générale sont les spécialités qui se sont retrouvées dans ce patelin de la commune de Bonconto, située dans département de Vélingara. Le Dr Dame Seck a levé un coin du voile sur les pathologies les plus couramment rencontrées au cours des consultations : «Beaucoup de pathologies ont été répertoriées. Certains cas nécessitent un suivi. Nous avons pris des contacts pour cela. On a rencontré des pathologies comme l’hypertension artérielle, très fréquente, le diabète de type 1 et de type 2, les arthroses, et chez les dames beaucoup d’infections vaginales. Dans le domaine de l’ophtalmologie, nous avons eu beaucoup de cas de cataracte, etc.» L’autre explication de cette initiative : «Nous avons l’habitude d’organiser des dons de sang à l’occasion en souvenir du sang versé par l’imam Hussein pour la perpétuation de l’islam. C’est cette activité que nous avons remplacée par cette campagne médicale.»
Chérif Mohamed Aly Aïdara a laissé éclater sa joie : «Nous remercions ces jeunes médecins pour leur altruisme, pour avoir accepté, sans condition, de venir si loin rendre service à leurs concitoyens. L’affluence a dépassé toutes nos attentes. Les spécialistes n’ont pas pu prendre tout le monde en charge. C’est dire que le besoin était là. De vieux malades m’ont dit qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de rencontrer un médecin de leur vie ou qu’ils trainaient la maladie sans avoir eu les moyens de se rendre dans un centre de santé pour se faire consulter.» En vérité, toutes les spécialités étaient débordées durant ces deux 2 jours. La mort dans l’âme, plusieurs malades sont rentrés à la maison sans rencontrer un spécialiste. Une moyenne de 300 patients suivis par jour les apprentis-médecins est une gageure inespérée.
akamara@lequotidien.sn