Par Abdoulaye KAMARA

– Loin du vacarme et des discours savants des villes pour commémorer la Journée internationale de la femme, les originaires des 5 villages de la commune de Kandia, nord-ouest du département de Vélingara, ont eu leur part de fête : par des hommages à travers des poèmes et chants, des danses, témoignages, mais aussi des sketchs qui valorisent leurs rôles dans la société, «aux côtés des hommes et non derrière les hommes», comme l’a souligné, avec force, Hawa Sabaly, femme en âge de procréer du village de Sinthiang Badion. L’Ong Grandmother project (Gmp-changement par la culture) a réuni dans le village de Sinthiang Badion, ce mardi 8 mars, des femmes, grands-mères, jeunes filles et garçons de 5 villages pour célébrer cette journée. Un sketch a mis en exergue la révolte des femmes d’un village fictif, Dianwély, contre les notables qui ont décidé de rendre propre le patelin sans les mêler à la prise de décision, tout en comptant sur elles pour sa réussite. Elles ont boycotté et il n’y eut pas d’investissement humain. Et leur porte-parole a osé faire face aux hommes pour leur dire : «Nous voulons désormais être associées aux décisions importantes à prendre pour la marche de notre village. Nous voulons marcher à vos côtés et non derrière vous. Le développement durable de ce village se fera par vous et par nous.» Le discours de Hawa Sabaly, qui avait un brin d’audace à vendre, est approuvé. La salve d’applaudissements et de bruits sourds d’approbation qui a fusé de la foule constituée essentiellement de femmes, renseigne sur l’appréciation positive générale de cette déclaration. Au terme de la journée d’hommages, Mamadou Coulibaly, coordonnateur de Gmp-changement par la culture, renseigne : «Nous avons voulu valoriser la femme rurale, en choisissant ce village. Puisque ce sont souvent les citadines qui organisent et célèbrent le 8 mars. Nous avons pensé que ces femmes qui, au quotidien, font des efforts, travaillent à la sueur de leur front pour nourrir leurs familles, éduquer les enfants, les filles surtout, méritent qu’on leur donne l’opportunité de célébrer, de parler de ce qu’elles font dans leurs communautés pour aider les filles à se former, à s’éduquer. Les valoriser. Elles le méritent. »
Sur le choix de Sinthiang Badion, Mamadou Coulibaly explique : «Le 7 novembre 2021, les grands-mères, jeunes filles et femmes en âge de procréer ont organisé ici, à Sinthiang Badion, une cérémonie de déclaration d’abandon de l’excision, des mariages précoces et ont opté pour une éducation poussée de leurs filles. Je crois qu’elles méritent qu’on leur rende cet hommage. Elles ont pu réussir ce pari audacieux dans ces zones rurales, après plusieurs séances de formation, de causeries et de renforcement de capacités sur leurs droits et devoirs, la santé de la reproduction et les formes de violences faites à la fille.»
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