Quelque 300 fidèles musulmans de la communauté chiite du département de Vélingara ont suivi, mardi passé, une conférence religieuse sur le sens et la genèse d’Achoura. C’est pour sensibiliser les disciples du guide religieux Chérif Mohamed Aly Aïdara contre toute célébration festive de cette journée pendant laquelle des dizaines de membres de la famille du Prophète (Psl) de l’islam furent assassinés crapuleusement.Par Abdoulaye KAMARA –

Ils ne se sont ni flagellé ni lacéré le corps. Plusieurs centaines de membres de la communauté des musulmans chiites du département de Vélingara ont sangloté, pleuré même, à chaudes larmes pour certains, mardi passé dans la grande cour du siège de l’Institut Mozdahir, quartier général des fidèles du guide religieux Chérif Mohamed Aly Aïdara. C’est que dans sa relation de la genèse et du sens de la commémoration de la journée d’Achoura, l’imam Thierno Boubacar Diao a mis le curseur sur le côté dramatique, inhumain, voire anti Mohamed (Psl) de cette journée que «certains, en tronquant l’histoire, considèrent comme une fête». Thierno Diao s’est voulu ferme et imperturbable : «Ce sont les ennemis de l’islam et du Prophète Mohamed (Psl) qui ont fait parvenir la version de l’histoire qui considère que c’est une journée à fêter à cause de plusieurs événements religieux heureux concernant des prophètes, leurs compagnons ou familles, qui se sont déroulés à cette date-là.» «Considérons que cette version fut vraie.» A-t-il ajouté : «Le bon sens aurait interdit toute célébration festive par des musulmans qui se réclament du Prophète Mohamed (Psl), au vu du drame crapuleux subi par sa famille.» Puis de relater ledit drame. Il dit sur un ton émouvant : «C’est ce jour qu’une soixantaine (selon une version) de membres de la famille du Prophète furent assassinés. L’imam Hussein traqué, pourchassé avec sa famille, qui sont crapuleusement tués l’un après l’autre devant ses yeux, impuissant. Après avoir été affamés, assoiffés pendant 8 jours, au bord d’un cours d’eau dont l’accès leur était interdit.» Il s’arrête, étreint par l’émotion puis un sanglot, des pleurs, suivi par un, deux, trois, une dizaine et peut-être une centaine de fidèles en pleurs. Et puis, renseigne-t-il, «ce sont des musulmans qui en étaient les auteurs et ce sont ceux-là mêmes qui ont exporté dans nos contrées, la célébration festive de cette journée». Puis de marteler : «Tout musulman qui suit cette tradition festive d’Achoura est un ennemi du Prophète (Psl) qui a perdu ses petits-fils, les plus chéris.» En outre, l’imam Diao a enseigné qu’il n’est pas possible que ce soit le Nouvel an que l’on célèbre le 10 du mois. «C’est juste un alibi pour justifier un festin, contraire à toute morale, tout court.»
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