La campagne de commercialisation de l’arachide a bien démarré dans le département de Vélingara, même si les points de collecte agréés par l’Etat sont silencieux, faute d’argent chez les opérateurs privés stockeurs. Ce qui profite à la concurrence des «bana-bana» sénégalais et celle du marché gambien.Par Abdoulaye KAMARA(Correspondant) –
Les opérateurs privés stockeurs (Ops) du département de Vélingara, au Sud du pays, agréés par l’Etat du Sénégal pour la présente campagne de commercialisation de l’arachide, se tournent les pouces. Ils regardent, impuissants, des dizaines de camions, lourdement chargés d’arachide, sortir du marché de Diaobé toutes les semaines et, presque quotidiennement, des autres grandes agglomérations telles que les villes de Vélingara, de Médina Gounass et de Pakour. Là-bas, selon le chef du Service départemental du commerce, Mamadou Kâ, «le kg est vendu à au moins 280 francs tel que arrêté par l’Etat comme prix planché». Il confirme que les points officiels n’ont pas encore démarré, mais que la campagne bat son plein.
Mais pourquoi, diantre, les points de collecte, qui doivent approvisionner la Sonacos, une entreprise nationale, n’ont-ils pas commencé à acheter les graines de cet oléagineux ? Sous couvert de l’anonymat, un opérateur officiel informe : «Nous n’avons pas d’argent. L’Etat est en train de nous asphyxier. L’Etat reste nous devoir plusieurs millions de francs Cfa, depuis 2 campagnes. Les banques sont réticentes à nous accorder des prêts, faute d’avoir payé les dettes dues sur 2 campagnes.»
A Diaobé, hier mercredi, le sac est acheté à 16 000 francs Cfa. Contrairement aux autres semaines au cours desquelles le même sac était acheté à 18 000 ou 17.000 francs Cfa. Une cliente, Kadidiatou Kologa, du village de Kabendou, renseigne : «Nous ne pesons pas les sacs d’arachide. Ils peuvent peser 55 kg ou plus. De toutes les façons, nous en tirons profit en revendant l’arachide transformée en pâte.» A côté, un opérateur qui a pré-positionné un camion a trouvé un rabatteur pour orienter de son côté les chargements de tricycles, de charrettes et motos qui acheminent leur arachide vers la cité-marché. Il dit : «Nous achetons à 16 000 francs le sac dont le poids peut varier. Nous embarquons pour la ville de Touba.» Ils sont nombreux les points de collecte de l’oléagineux installés à Diaobé et dans les autres villes du département de Vélingara.
Un opérateur agréé qui ne perd pas espoir a dit : «La campagne vient juste de démarrer. De nombreux producteurs sont encore à l’étape de battage de l’arachide. Après le battage, ils vont traiter, mettre en sac et puis stocker. D’ici là, peut-être que les banques accepteront de libérer les crédits, avec le soutien de l’Etat.»
Quand la Gambie s’en mêle Les producteurs des villages frontaliers au pays de Adama Barrow ne s’embarrassent de patriotisme pour franchir la frontière terrestre et aller écouler leurs graines chez le voisin du Nord. Des graines produites à partir de semences subventionnées par l’Etat du Sénégal ! Là-bas, selon des sources bien informées, le prix du kg est plus compétitif ; entre 300 et 330 francs Cfa. «En Gambie, il n’existe pas un circuit officiel de commercialisation de l’arachide. Ce sont des privés qui achètent les graines pour leur propre business ou pour la consommation familiale. La demande y est forte, car la culture de l’arachide y a reculé fortement», a informé notre interlocuteur.
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