Les mutuelles de santé mises en place par l’Agence de la couverture maladie universelle (Cmu) dans les communes ont beaucoup de tares qui plombent le taux d’adhésion et la fidélisation des adhérents. En plus du manque de motivation du personnel. Aussi cette agence a décidé d’aller vers la professionnalisation desdites mutuelles communales en créant une unité départementale avec des antennes dans les communes.Par Abdoulaye KAMARA –

A la création de l’Agence de la couverture maladie universelle (Cmu), l’Etat avait assigné un taux de couverture des populations cibles de l’ordre de 75% à l’horizon 2022. Dans le département de Vélingara, situé dans la région de Kolda, le taux est de 4%, selon Dr Lamine Diouf, chef du Service régional de Kolda de l’Agence de la Cmu. Il a donné ce taux au cours d’un Comité départemental de développement tenu mercredi à la salle des réunions de la Préfecture de Vélingara, en présence du Préfet, Saïd Dia, des acteurs des mutuelles, du personnel de santé et des représentants des collectivités territoriales. Donnant les chiffres relatifs à l’enrôlement des bénéficiaires, il renseigne : «Les bénéficiaires classiques, c’est-à-dire qui cotisent eux-mêmes sont, au total, au nombre de 35 086 enrôlés dont 1291 seulement sont à jour de leurs cotisations au 3ème trimestre de l’année 2022 et qui sont, par conséquent, éligibles aux prestations des mutuelles. Ce qui donne un taux de 4%. C’est très faible.» Vélingara n’est pas un cas isolé dans ce sens. D’ailleurs, cette localité du Fouladou fait mieux que les 2 autres départements de la région (Kolda et Médina Yoro Foula) dans l’enrôlement des femmes enceintes, selon toujours Dr Diouf. C’est dire donc qu’il y a problème. «Et il est structurel. Il y a problème dans le recouvrement des cotisations, mais aussi dans la fidélisation des adhérents», déclare Dr Diouf. Des tares que traînent toutes les mutuelles sœurs du Sénégal. C’est du moins la conclusion à laquelle est parvenue l’agence à l’issue «d’évaluations internes et externes qui ont mis en exergue certaines limites au niveau des mutuelles de santé». Suffisant pour appeler à des réformes si tant est que l’on tient à l’atteinte des objectifs fixés. Dr Lamine Diouf enchaîne : «La réforme phare en vue, c’est la mise en place d’une Unité départementale d’assurance maladie (Udam) professionnalisée qui permettra la mise en commun des risques et des ressources et qui aura comme avantages d’autoriser la portabilité. Parce qu’à l’état actuel, la prise en charge des bénéficiaires se limite au niveau de la commune. Avec l’Udam, les bénéficiaires auront accès aux prestations à l’échelle du département.» Autres avantages : «Ultérieurement la portabilité va atteindre le niveau régional puis national. Il devrait y avoir un système de cotisation dégressif, c’est-à-dire de 1 à 10 membres de la famille vous donnez 2500, et à partir du 11ème membre vous donnez 2300, par exemple. Les prestataires de soins n’auront qu’un seul répondant à l’échelle départementale. Actuellement on a une structure de santé qui a signé avec plusieurs mutuelles, certaines sont à jour, d’autres non, accusant beaucoup de retard dans le paiement des factures.» Et puis l’équipe qui va gérer cette mutuelle départementale sera une «équipe technique avec un salaire. Ce sera fini pour le bénévolat. Et puis chaque commune aura une antenne, si possible, qui dépend de l’unité départementale».

Une réforme qui a eu le don de soulever des inquiétudes au niveau des acteurs des 16 mutuelles communales du département qui sont appelés à se reconvertir ou à disparaître, car la digitalisation et la professionnalisation impliqueront des profils techniques que les principaux acteurs actuels n’ont pas. «Tant que c’est possible, on va faire avec ceux qui étaient là. Mais les postes techniques seront mis en compétition au niveau national», tranche net Dr Diouf.
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