Le programme Nekkal, qui veut améliorer le taux d’accès aux faits d’état civil, a fait un plaidoyer pour que les religieux, à l’image des chefs de village et délégués de quartier, soient considérés comme des auxiliaires d’état civil. C’était jeudi passé, à l’issue d’un atelier de renforcement de capacités des religieux des communes de Vélingara et Paroumba, dans lesquelles il intervient.
Par Abdoulaye KAMARA
– Le Code de la famille du Sénégal de 1972 considère comme seuls auxiliaires d’état civil, les chefs de village et les délégués de quartier. A ce titre, ils aident les officiers d’état civil à sensibiliser les populations et à faciliter leur accès aux faits d’état civil (Certificats de mariage, de décès et d’actes de naissance). Le Code oublie de faire cas des religieux, musulmans et chrétiens, qui sont pourtant sollicités et impliqués dans tous les faits de mariage, de décès et de naissance par les populations. Ils peuvent, par conséquent, à l’occasion des cérémonies religieuses relatives à ces faits, sensibiliser par des argumentaires religieux et profanes, leurs fidèles pour que les déclarations d’actes d’état civil deviennent un réflexe chez tout le monde.
C’est le plaidoyer que porte Nekkal, qui est un nouveau programme qui intervient dans 32 communes du Sénégal dont celles de Paroumba et Vélingara, des contrées de la région de Kolda, et qui se propose d’améliorer le taux d’enrôlement aux faits d’état civil. L’information est donnée par Mme Hanne, Sophie Ndela Ndour, Conseillère technique régionale Zone sud dudit programme, au cours d’un atelier de renforcement de capacités des imams, maîtres coraniques, curés et pasteurs des communes de Paroumba et Vélingara. Au cours de cet atelier, Mme Hanne a donné à la quarantaine de participants, des informations relatives à l’importance de l’acte d’état civil pour les enfants, pour les personnes âgées, mais aussi pour le citoyen en âge de travail. Et puis, elle leur a indiqué les personnes habilitées à porter les déclarations aux centres d’état civil, et avec quels documents ou preuves. De même que les délais impartis. Déjà pour les communes de Vélingara et Paroumba, le programme Nekkal a remis aux religieux partenaires, des attestations d’état civil pour contenir les premières informations nécessaires liées à la cérémonie de mariage, de décès ou de baptême à laquelle ils viennent de participer. Des documents qui devront être portés au centre d’état civil compétent par l’imam ou curé ou qui peuvent être récupérés par les animateurs auxquels le programme a remis des motos.
Au cours de la rencontre, Yaya Diallo, enseignant en arabe, a dit : «Les religieux peuvent valablement jouer le rôle d’auxiliaires d’état civil d’autant plus que pour toutes les cérémonies familiales, le chef de village ou le délégué de quartier peut manquer, mais jamais le religieux. Et ils sont bien écoutés. Nous allons désormais prononcer des sermons les vendredis sur l’importance des faits d’état civil, ainsi que lors des rassemblements auxquels nous sommes conviés, avec un argumentaire religieux», a-t-il dit.
Pour la pertinence du choix de Vélingara et des curés, pasteurs et imams comme auxiliaires, Moussa Sibo Mballo, un des animateurs de ce programme, a renseigné : «l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), en 2013, a relevé que 16% des naissances au Sénégal ne sont pas déclarés, 62% des décès non déclarés et 72% pour les mariages. Le département de Vélingara fait partie des localités qui tirent négativement ces taux. Heureusement que le programme Nekkal a ciblé cette localité pour inverser la tendance, avec l’appui des religieux qui sont très écoutés et très présents dans toutes les cérémonies familiales. Ils peuvent valablement jouer le rôle d’auxiliaires», a-t-il noté avec conviction.
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